Un poil frustrant, le dernier Djian. Trop court et linéaire, sans la riche étoffe narrative qui caractérisait Impuretés ou Impardonnables. On a le droit de faire la fine bouche, non, vu le bonheur de lecture que donnait ses derniers livres ? Sinon, le monde de Djian est de plus en plus noir, sans espoir, marqué par un conflit de générations qui ne fait que s'amplifier. Vengeances commence comme le dernier roman de Nicolas Fargues, avec la mort d'un fils. L'introspection et la douleur sont au premier regard moins perceptibles chez Djian, elles sont tapies dans l'ombre comme des bêtes malfaisantes, violentes et destructrices. Alcool, drogue, sexe, le cocktail est connu, mais le quinquagénaire décrit par l'auteur est surtout fatigué, limite suicidaire, et sa phobie des tunnels n'est pas qu'un symbole facile. Ceux qui se sont arrêtés au Djian des premiers livres ne le reconnaîtraient pas, son écriture a changé, ciselée, lapidaire, elle taille dans le vif et fait mal. Vengeances a beau être un roman légèrement décevant, il n'en confirme pas moins la place unique de Djian dans la littérature française. Comme Houellebecq, il est à part, singulier, et prête le flanc à toutes les critiques. Qu'importe, l'important est qu'il poursuive sa route, même en zigzags, dans un univers où les êtres sont de plus en plus cabossés. Qui ne se reconnaitrait pas, peu ou prou, dans ses personnages ?

Cinephile-doux
6
Écrit par

Créée

le 27 avr. 2017

Critique lue 207 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 207 fois

D'autres avis sur Vengeances

Vengeances

Vengeances

le 5 févr. 2012

Critique de Vengeances par stumpyjoe

Certains disent que le style est le plus important ; certains iraient se couper un bras pour avoir du style. Le question n'est pas de savoir si Djian a du style. La question posée par ce livre, somme...

Vengeances

Vengeances

le 6 juin 2011

je m'en veux

d'avoir méprisé Djian pendant plus de vingt ans à cause de films à l'esthétique douteuse(*). Grave erreur. Depuis Doggy Bag, je suis devenu un inconditionnel. Et même (et surtout) si je suis le seul...

Vengeances

Vengeances

le 3 avr. 2019

Critique de Vengeances par Nadouch03

Même si cela fait des années que je n'ai pas lu Djian, aux premières pages j'ai reconnu le style et l'ambiance : un bonhomme en proie à toutes les affres possibles (deuil de son fils, penchant pour...

Du même critique

Anatomie d'une chute

Anatomie d'une chute

le 28 mai 2023

Procès d'intentions

Depuis quelques années, le cinéma français, et plus particulièrement ses réalisatrices, trustent les lauriers dans les plus grands festivals. Au tour de Justine Triet d'être palmée à Cannes avec...

France

France

le 25 août 2021

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

The Power of the Dog

The Power of the Dog

le 25 sept. 2021

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...