Se présentant comme rédigé par un proche du pouvoir en Italie, en 1976, sous le pseudonyme de Censor, ce livre, écrit en fait par le situationniste Gianfranco Sanguinetti (avec la participation active de Debord), présente un tableau de l'Italie d'alors du point de vue des intérêts de la domination. Envoyé à 500 des personnalités les plus en vue du pays (journalistes, politiciens, hommes d'affaires), l'ouvrage reçut un accueil élogieux et admiratif de ces gens là, alors même qu'il posait comme allant de soi, entre autres infamies, le terrorisme d’État et l'implication de celui-ci dans les attentats qui ensanglantèrent l'Italie du début des années 70; une sorte d'aveu de ce que tout le monde savait dans la classe dominante mais qui , bien sur, était nié farouchement. C'est pourquoi l'on peut voir ce Véridique rapport comme une démonstration pratique exceptionnelle de la manière dont l'on peut atteindre le système quand, entre autres, l'on a su lire et comprendre Nicolas Machiavel et que l'on veut frapper l'ennemi en se servant uniquement de sa tête ...
Depuis, hélas, personne ne semble avoir été en mesure de reproduire ce savoir faire.
Quelques extraits :
"Ainsi les masses consomment et regardent ce qu'elles veulent de la diversité qui leur est programmée, mais elles ne peuvent vouloir que ce qui est là. "
"Les syndicats, de leur coté, ne pouvaient s'exposer au péril de se couper des masses travailleuses, en désavouant toutes les grèves qu'ils n'avaient pas voulu entreprendre et qu'ils n'avaient pas pu empêcher."
"Du reste, toutes les révolutions de l'histoire ont commencé sans chefs, et, quand elles en ont eus, elles ont fini. "
"Ceux qui ne comprennent pas la nécessité de demeurer libres, tout simplement n'ont pas le goût de l'être ; et il faut renoncer à la faire sentir aux esprits médiocres qui jamais n'ont connu ce goût sublime. "