Bel-Ami n'est pas un héros, et c'est frustrant. La seule à le comprendre est, à la fin, Mme de Marelle : "tu trompes tout le monde, tu exploites tout le monde, tu prends du plaisir et de l'argent partout". Bel-Ami, c'est un homme banal, jaloux maladivement du succès des autres : de celui de Forestier, qui le mènera à épouser sa femme, du succès de Walter, qui le mènera à épouser sa fille. C'est un enfant, capricieux, qui cout après la gloire. Ce sentiment de n'avoir pas rencontré des personnes faites d'émotion mais plutôt des incarnations d'émotion est assez frustrant dans la lecture ; Du Roy est un égoïste, Madeleine, bourgeoise, pense pouvoir rencontrer chez ses beaux parents une visons pittoresque de la vie de paysans. Ce livre est le début d'une ascension, celle de Georges Duroy, devenu Du Roy de Cantel, devenu Bel-Ami. C'est un homme qu'on comprend charmant par le regard des femmes, mais qui n'est pas plaisant dans l'écriture, qui m'a plutôt semblé geignard. Il est décrit par Walter comme un homme intelligent, "c'est un homme d'avenir, il sera député ou ministre".
Il s'agit d'un livre traitant de la naissance d'un grand homme, qui change de nom et se nomme "Bel-Ami". Un livre qui finit étonnamment bien pour son protagoniste, alors que j'étais habituée aux chutes affreuses des nouvelles de Maupassant (La Parure, La Dot).
Il y a de nombreuses allusions aux livres de Zola (La Curée) et de Flaubert dans ce livre, mais j'ai Maupassant a su éviter la tentation que Zola a de vouloir placer un crime passionnel dans ses livres. J'ai été ravie que Maupassant utilise le "tour" de l'adultère.
Les commentaires de mon édition sont assez clairs sur l'image que Maupassant se faisait des femmes, d'ailleurs repris par Walter "tu [Mme Walter] es stupide comme toutes les femmes. Vous n'agissez jamais que par passion. Vous ne savez pas vous plier aux circonstances...vous êtes stupides !" Pourtant, j'avais été tellement impressionnée par Mme Forestier au départ, par son charme, son intelligence. Par sa capacité à écrire, imaginer, mais que pour la pauvre écriture journalistique.
Les femmes sont par ailleurs assez naïves pour tomber dans les bras de Duroy qui les charme toujours avec la même phrase ridicule, dite à brule-pourpoint : "oui, c'est vrai que je vous aime, follement, depuis longtemps. Ne me répondez pas. Que voulez-vous, je suis fou ! Je vous aime... Oh ! si vous saviez, comme je vous aime !" dit-il à Mme Walter, on imagine tout de suite la mise en scène dramatique ; Du Roy à genoux, la femme éplorée, bref c'est ridicule tout plein et ça m'a fait rire à gorge déployée dans le métro.
C'est pourtant une femme qui clôt ce livre, plus précisément les petits cheveux frisés des tempes de Mme de Marelle, le choix de cette femme m'a interrogée, n'est-ce pas finalement la seule relation dans laquelle Duroy est resté sincère ? La première de toutes, celle qui l'a vu naître et se développer ?
On dit également que ce sont les femmes qui sont responsables du succès de Bel-Ami, qu'elles soient enfants, mariés ou mères.
La mort est un tombeau qui nous enferme dans la première partie, on la rencontre plusieurs fois : Norbert de Varenne, le poète, met en garde Bel-Ami contre la mort ; puis ce dernier sera amené à affronter un adversaire au tir au pistolet ; et finalement la mort de Forestier, la rencontre finale et violente clôt la brutalité, l'angoisse de la rencontre avec la mort.
"La vie est une côte. Tant qu'on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu'on arrive en haut, on aperçoit tout d'un coup la descente, et la fin, qui est la mort".
Les commentaires de mon édition ont été rédigés par Philippe Bonnefis. Voici ce que j'ai relevé comme étant intéressant (outre les annotations de bas de page expliquant la véritable pensée de Maupassant sur les femmes).
- la naissance de Bel-Ami à travers son nouveau nom, donné par une jeune fille, être que Maupassant qualifie d'ailleurs d'incompréhensible contrairement aux autres femmes
- l'être, le réel et le reflet : Georges et Bel-Ami. Le reflet : une meilleure version de soit, son alter ego : quand Georges monte les escaliers pour aller chez les Forestier, le miroir lui renvoie un jeune homme bien habillé et sûr de lui-même. Le reflet, c'est ce qu'on a coeur d'égaler, dit Bonnefis.
Conclusion : Un livre qui ne mériterait pas d'être plus long, dont le caractère du protagoniste rend frustrant. Déception de ma part, je m'attendais à plus.