Dans le cadre de ma deuxième année de licence, j’ai lu Cinna de Pierre Corneille. Familier avec le travail de l’auteur, j’avais déjà lu le Cid et Suréna, je n’avais pas peur du style classique de l’auteur, qui avait su montrer que son talent pouvait surpasser les règles d’un théâtre trop strict. Je n’avais nulle crainte, j’avais même du désir. En effet, j’avais beaucoup apprécié le Cid au lycée et pareillement l’année dernière avec Surena. Quand le vers le plus noble est au service du plus grand des thème, je suis séduit.
Chimène qui ne peut se venger de la mort de son père car elle aime Rodrigue, doit pourtant feindre la détestation. La résolution était peut-être peu vraisemblable mais elle n’était pas dérangeante. On avait eu du tragique, on avait eu de la gloire, on était servi.
C’est autrement que j’ai été conquis par Surena. La majesté de la pièce m’avait laissé pantois. L’amour y est encore, mais on est ici dans la dignité la plus élevée. L’alexandrin m'a encore touché. Pour la première fois avec Corneille, c’est l’histoire d’une déception, avec un sujet tout aussi grand, des vers tout aussi beaux, et le sens de l’intrigue tout autant maîtrisé. Mais cette pièce ne m’a pas touché, tout simplement, j’ai lu laborieusement chaque scène regardant sans cesse la distance qui me séparait de la fin. Fin qui ne m’a pas plu.
Corneille ne cherche pas la vraisemblance comme dans le Cid ou l'exageration du nombre de soldats fidèles augmente l'aura du personnage.
“Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renforts. Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.”
Et le lecteur contemporain en est prévenu, mais il faut que la vraisemblance soit remplacée par la gloire, l’amour ou l’honneur extrême. La clémence d’auguste, bien qu’excellente dans de telles conditions, n’est pas tant aimable, parce que les sujets pardonnées ne sont pas grands. Et l’on sent trop le désir de plaire à la monarchie absolue.