De sang-froid par BibliOrnitho
Un livre bouleversant (un modèle du genre) qui restera une de mes lectures les plus marquantes.
Le livre se divise en 4 grandes parties. La première présente la famille Clutter jusqu'à la soirée qui doit leur être fatale. En parallèle, Capote nous présente les deux assassins, Dick et Perry. La seconde est l'enquête proprement dite et précède la divulgation de la vérité dans l'avant dernière partie qui contient également le procès. Là sont mis à nu les sentiments des assassins, leur vécu, leur désinvolture particulièrement choquante...
La dernière partie est nettement plus difficile. Les assassins patientent dans le couloir de la mort et commissionnent d'autres avocats pour de multiples recours. Truman Capote nous explique un peu le système judiciaire américain, s'interroge sur la bien fondé de la peine de mort (sans toute fois trancher) en donnant le point de vue des enquêteurs convaincus de son aspect dissuasif, ainsi que celui des opposants développant les mêmes arguments que ceux avancés par Badinter à la fin des années 70 en France.
Les dernières pages sont particulièrement noires, évidemment, avec l'exécution elle-même...
Un livre qui nous procure un sentiment intéressé, voir passionné durant l'enquête. Tel un polar. Mais la seconde partie nous met mal à l'aise. On ne peut plus lire avec le même détachement qu'au début. Même s'il nous est impossible d'oublier les atrocités commises, Capote réussit le tour de force de présenter Perry et Dick sous un jour pitoyable. On ne peut s'empêcher de vivre avec eux leur vie de misère. Comme eux, nous sommes irrémédiablement acculés. Et nous terminons avec eux dans le couloir de la mort et avec les témoins au pied du gibet... Et j'ai découvert que la mort était atrocement lente !
Ce livre est beaucoup plus qu'un roman. C'est un véritable document historique, journalistique qui expose froidement les faits sans prendre parti.
Truman Capote qui, au cours de son enquête, apprit à connaître les assassins (puis à les apprécier, les ayant côtoyé durant leurs années de prison), sombra dans une profonde déprime dont il ne sortit jamais.