Arturo Bandini, illustre auteur d'une unique nouvelle que peu ont lue mais qu'importe, est désormais exilé à Los Angeles la ville de tous les possibles. Possibles qui se résument pour l'instant à une chambre dans un hôtel plus ou moins miteux, à pas mal de dettes, et bientôt, à sa pseudo relation pas qu'un peu toxique avec une serveuse. Dans sa tête en revanche, c'est la grande vie ! En tout cas de temps en temps avant que la réalité ne le rattrape.
Bandini c'est à la fois un être abject et merveilleux, capable du pire et du meilleur. Sa plus belle littérature est le fruit de ses peurs et de ses rêves. Il ne supporte la beauté que lorsqu'elle est couplée à ce qu'il estime être une forme de laideur. Ainsi, il peut l'en extraire dans le secret de son cœur. Ce qu'il aime, c'est sublimer, peut-être encore plus que vivre. Vous n'aimeriez pas le croiser. le lire par contre, c'est vouloir le relire.
Alors je me demande... s'il est l'archétype de l'homme tristement banal, cachant sa honte et ses peurs sous du mépris, s'accrochant minablement à cette petite fierté stérile d'être un homme et d'être blanc parce qu'il n'arrive pas à montrer tout ce qu'il est d'autre, combien de Bandini croisons-nous dans nos vies ?
Combien de ces âmes capables de voir toute la beauté du monde dans une paire de chaussures usées choisissent de moquer, d'humilier, de dénigrer parce que la posture est plus facile que d'afficher une sensibilité à vous retourner le bide et à en changer le monde?
J'ai adoré et haï Bandini et sa manière d'être la foudre puis l'arc-en-ciel. Plus que tout, j'ai aimé John Fante pour ça, parce que c'est dérangeant et qu'il force à se confronter à l'ambivalence dans sa forme la plus brute.