Lennie Small, un colosse à la force herculéenne et dont l’âge mental est à peu près celui d’un enfant de cinq ans, marche deux pas derrière son ami, George Milton. Ils sont journaliers et se rendent dans un ranch californien où ils se sont fait embaucher.
Le soir, alors qu’ils ne sont plus loin de leur destination, George organise leur dernier bivouac. Lennie est contrarié : son ami lui a confisqué la petite souris qu’il caressait au fond de sa poche et qu’il venait de tuer par inadvertance sous ses gros doigts puissants. George le met en garde : s’il continue ses bêtises, jamais ils n’auront leur petit lopin de terre bien à eux, jamais ils ne pourront s’installer et élever du bétail, jamais Lennie ne pourra s’occuper de nourrir les lapins comme il le lui avait promis. Dans ce nouvel emploi, Lennie devra se tenir à carreau, ne pas parler et obéir en tout à son ami pour ne pas renouveler la désastreuse expérience qui les a contraints à fuir à toutes jambes leur dernière place.
Arrivés sur place, les deux hommes sont incorporés à l’équipe en place. Immédiatement Lennie impressionne par sa carrure, sa force et sa capacité de travail. Il y a Slim, un roulier, un vieux de la vieille, Candy presque aussi vieux et aussi décati que son chien, Carlson, Whit, Curley le fils du propriétaire et Crooks le palefrenier noir. Et la femme de Curley par laquelle le scandale arrivera : tout le monde vous le dira, quand un homme ne sait pas tenir son épouse chez lui…
Un roman très court et d’une force extraordinaire. L’ambiance du grand sud, des petites gens qui triment pour survivre. Un roman sur le terrible quotidien de ceux qui n’ont rien et qui dépendent d’un propriétaire qui a sur eux le droit de vie ou mort. Ou presque. Avec « Des souris et des hommes », je retrouve cette atmosphère, cette écriture brute et taillée à la serpe qui m’avait tant plu dans les « Raisins de la colère ». Je retrouve cette empathie pour les opprimés, tous ceux qui n’ont pas voix au chapitre et que Steinbeck réuni dans la scène mémorable qui se déroule dans la masure du palefrenier noir (qui doit vivre séparé des autres) : Crooks le noir, Lennie l’handicapé mental, Candy l’invalide et la femme de Curley. Il s’avère que Steinbeck considère que le plus mal loti n’est pas forcément celui qu’on croit et que la condition féminine dans ces contrées agricoles du milieu du XXe siècle n’a rien d’une sinécure.
Superbe !
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le 22 nov. 2013

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