George et Lennie ont un rêve : posséder leur propre ranch. Mais pour amasser de l'argent, il faut avoir une place, et la garder. L'association du petit rusé et du colosse idiot a une force archétypale (Astérix et Obélix, par exemple), d'autant que ce court livre de Steinbeck possède la puissance d'un mythe.
C'est dû au fait que le livre est dépouillé, sans un mot de trop. L'essentiel se passe en dialogues usant de mots et de notions simples. On retrouvera cette manière d'écrire longtemps encore dans la littérature américaine : qu'on pense par exemple à la trilogie des confins de Cormac McCarthy ou à Lonesome Dove, de Larry McMurtry, et on pourra mesurer l'impact de Steinbeck sur la littérature américaine. Il y a cette même manière de créer des dialogues poignants avec trois fois rien.
Et pourtant, cela dit tellement de choses. Cela suffit pour qu'on ait l'impression d'avoir toujours vécu aux côtés de George et de Lennie. Cela suffit pour comprendre que d'autres employés du ranch veulent s'associer à leur rêve. Que ce rêve, loin d'être anodin, a la puissance d'une vision. Et à travers ce ralliement, on a l'impression de se voir déployer une camaraderie de longue date.
A travers ce simple rêve, de posséder son propre ranch avec quelques lapins pour Lennie, et un carré de luzerne pour les nourrir, John Steinbeck brosse le portrait de toute une classe.
En quelques pages seulement.