Dieu - La science Les preuves par Gérard Copin #gcopin

Aujourd’hui on s’attaque à du lourd, on va triturer, décortiquer, résumer le livre « Dieu la science les preuves ». Il n’est pas hérétique de parler de la création de l’Univers, ça rejoint la question en science posée par Leibniz, philosophe, scientifique, mathématicien … « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? ».


La question de la création de l’univers est un sujet fascinant et inextricable, il est étudié par les scientifiques et les philosophes depuis des siècles. Certaines personnes peuvent se demander quel est le sens de la vie ou quelle est notre place dans l’univers. D’autres peuvent s’interroger sur la nature de la réalité ou sur les limites de notre connaissance. Néanmoins, les questions sur la création de l’univers et l’apparition de la vie sont fondamentales, ultimes, elles fascinent les humains depuis des siècles. Les scientifiques, les philosophes et les théologiens ont tous proposé des théories et des explications pour répondre à ces questions.


Le livre « Dieu la science les preuves » de Olivier Bonnassies et Michel-Yves Bolloré, nous embarque dans une enquête de plus de trois ans étayée sur le témoignage des plus grands scientifiques de la planète, souvent des cosmologistes, des physiciens-théoriciens relativistes, physiciens en mécanique quantique...


Pour être honnête avec vous, en achetant le livre, je n’étais pas très confiant, j’ai pensé encore un livre où l'on va nous balader pendant 600 pages de débat entre science et religion qui est un sujet complexe et controversé. La science et la religion abordent souvent les mêmes questions en cosmologie, mais elles utilisent des méthodes et des approches différentes pour y répondre. La science se base sur l’observation, l’expérimentation et la logique pour comprendre le monde qui nous entoure, tandis que la religion se base sur la foi, les textes sacrés et les traditions pour expliquer l’univers et notre place en son sein. En fait poursuivre le débat qui dure depuis la nuit des temps.


Eh ben non ! je ne suis pas déçu par cet ouvrage, j’en ai eu pour mes sous !. Cela ne veut pas dire pour autant que je ne serai pas objectif dans mon entreprise de synthétiser le livre. D’ailleurs à la big question « grâce au livre, est-ce que le curseur de ma foi en un dieu a changé de position ? » non, et de répondre plus justement comme la citation de François Mitterrand ”ce qui ne veut pas dire que je ne crois pas, mais que je ne sais pas si je crois.”


Les auteurs assument leurs théories enrichies de postulats rigoureux, soit des preuves de l’existence de Dieu, rien que ça, dans une langue accessible à tous. Le livre retrace de façon passionnante l’histoire des avancées et offre un panorama des découvertes scientifiques du XXe siècle qui sont venues dynamiter les connaissances, dogmes, croyances … Le sujet est chaud, chaud !

Dans ce travail titanesque et d’équilibriste, comment vont procéder les co-auteurs pour être cohérents avec la science, la question n’est plus "Dieu OU la science", mais "Dieu ET la science" ! Comment ne pas se faire destroyer pour le coup par la science matérialiste, le positivisme, le dogmatisme en science, avec ce retournement mémorable.


La recette des auteurs avec ce livre est de s’adresser à un profil de personnes rationnelles, logiques, qui fondent la preuve de thèse et antithèse aboutissant à la synthèse, et pour ce faire, ils vont manier un outil bien affûté pour façonner un cheminement et une construction solide, c’est la zététique.


La zététique, kézako ? Elle est définie comme l’art du doute et de faire la différence entre ce qui relève de la science et ce qui relève de la croyance. C’est une méthode scientifique qui consiste à pratiquer l’art du doute raisonnable, dans le sens de Descartes. Bien sûr, elle ne va pas jusqu’à mettre en doute toutes les connaissances comme le fait le doute hyperbolique. Elle vérifie les informations en utilisant des techniques d’autodéfense intellectuelle inspirées des sciences, du langage, de la logique ou encore des mathématiques. En fait, les zététiciens agissent en “de bunkers”, c’est-à-dire en pourfendeurs de mythes et autres croyances pseudoscientifiques à la fiabilité douteuse. Ici, le terme “art” doit être compris au sens médiéval d’habileté, ou de connaissance technique, en clair, de « savoir-faire. Si je suis pointilleux sur cette définition de la zététique, j’ai conscience que la science est basée sur l’observation et l’expérimentation pour comprendre le monde qui nous entoure. Néanmoins, la science ne doit pas tomber dans le piège du matérialisme, soit une approche philosophique qui considère que la matière est la seule réalité et que tout phénomène peut être expliqué par des causes physico-matérielles. Il y a des critiques du matérialisme qui considèrent que cette approche peut être limitée dans certains cas. Par exemple, du point de vue idéaliste (Berkeley, Kant, Schopenhauer), l’erreur du matérialisme est de prêter une réalité absolue à ce qui n’est qu’une donnée des sens et une représentation dans notre esprit. Ce « réalisme naïf » est certes utile pour l’investigation scientifique, mais il ne peut prétendre investir avantageusement le champ métaphysique ou religieux, d’autant plus qu’il est lui-même construit à partir d’une hypothèse métaphysique. En d’autres termes, le matérialisme peut être considéré comme une approche utile pour comprendre les phénomènes physiques, mais il peut être limité lorsqu’il s’agit d’expliquer des phénomènes qui ne peuvent pas être réduits à des causes physiques. La preuve en est des concepts abstraits tels que la mathématique ou la logique sont des sujets qui ne sont pas strictement matérialistes, mais ils peuvent être étudiés de manière scientifique en utilisant des méthodes rigoureuses pour comprendre leurs propriétés et leurs relations.


Petite mise en garde avant d’aborder directement les points les plus importants, je précise pour les scientistes ou les religieux fondamentalistes que le Dieu citer à beaucoup de reprises dans le livre n’est pas forcément le Dieu monothéiste, l'être suprême, transcendant, unique et universel créateur et auteur de toutes choses. Un dieu qui n'est pas le Dieu monothéiste est un dieu qui a des attributs et des fonctions spécifiques, et qui peut être représenté (ou pas) sous une forme humaine, Natura, Polythéisme, Dessein intelligent, ou comparable avec un Dieu de la mythologie grecque, Zeus est le dieu du ciel et de la foudre, il est le fils de Cronos et de Rhéa. Un dieu qui n'est pas le Dieu monothéiste n'est pas nécessairement bienveillant ou bon envers les hommes, il peut être adoré ou ignoré par eux selon leur croyance ou leur culture. Pourquoi respecter la religion ? La religion est un élément fondamental de la dignité humaine. Pour de nombreux adeptes, elle est beaucoup plus qu'un choix de mode de vie, elle est leur essence propre. Enfreindre la liberté religieuse d'une personne ou l'obliger à désobéir à ses croyances religieuses, c'est attaquer son essence même.


À présent nous sommes dans le vif du sujet. La préface du livre a été écrite par Robert Woodrow Wilson, l’astrophysicien américain qui a découvert le fond diffus cosmologique avec Arno Penzias. Wilson a également travaillé sur la radioastronomie et les télescopes millimétriques. D’ailleurs pour la petite anecdote avec la boutade « Le visage de Dieu » c’est l’expression qu’utilisa l’astrophysicien Georges Smoot (prix Nobel 2006) lorsque le 23 avril 1992, il réussit, grâce au satellite COBE à prendre des photos de la naissance de l’univers pour la première fois, soit le fond diffus cosmologique tel qu’il émergeait des ténèbres cosmiques tout juste 380 000 ans après le Big Bang.

En 1978, Wilson a reçu le prix Nobel de physique avec Arno Penzias pour leur découverte du fond diffus cosmologique. La préface se termine avec un texte qui en dit long, je le cite : « En accord avec les connaissances scientifiques actuelles, ce livre explore l’idée d’un esprit ou d'un Dieu créateur, idée que l'on retrouve dans de nombreuses religions. Il est certain que si vous êtes religieux au sens fixé par la tradition judéo-chrétienne, je ne vois pas de meilleure théorie scientifique que celle du Big Bang et de l’origine de l'Univers susceptible de correspondre à ce point aux descriptions de la Genèse. En un sens, cependant, cela repousse une nouvelle fois la question de l'origine ultime. Comment cet esprit ou ce Dieu est-il apparu ? Et quelles sont ses propriétés ? Parfois, lorsque je lève les yeux vers les milliers d'étoiles qui brillent dans la nuit, je pense à toutes les personnes qui, comme moi, ont levé de la même manière les yeux vers le ciel et se sont demandé comment tout cela a commencé. Je ne connais certainement pas l'explication. Mais peut-être que certains lecteurs auront la chance de trouver un début de réponse dans cet ouvrage. » (Robert W. Wilson, Université de Harvard, le 28 juillet 2021).


Pour la mise en bouche, on a droit à un petit topo sur l’aube d’une révolution, je ne rentre pas dans les détails, rien de nouveau sous le soleil, je me contente de lister les gros titres : la démonstration que la terre tourne autour du Soleil (Copernic 1543 – Galilée 1610), la description d’un Univers simple et compréhensible (Newton 1687), l’âge de la terre avec ces quelque milliards d’années (Buffon 1787 – Kelvin 1862), les postulats déterministes de l’Univers (Laplace 1805), l’apparition de la vie par un processus évolutif (Lamarck 1809), la sélection naturelle (Darwin 1859), la théorie du marxisme scientifique matérialiste (1870), l’homme n’est pas maître de ses propres pensées (Freud ~1890) …

Une agréable révision et bien explicité pour les passionnés du siècle des Lumières et plus. Les auteurs abordent la question « Qu’est-ce qu’une preuve », j’en parle suffisamment plus haut avec le paragraphe sur la zététique. Dans l’introduction du livre, il est également question « il existe un dieu créateur » versus « l’Univers est exclusivement matériel ».


Ensuite on est parachuté dans les entrailles du sujet avec l’explication de la mort thermique de l’Univers, je ne vais pas vous citer toutes les preuves mentionnées dans le livre lié à la science, ça ne serait pas bienveillant de spoiler, un livre aussi questionnant, néanmoins, si je reprends dans les détails cette preuve centrale, c’est le fait qu’elle démontre la démarche des théories échafaudées.

La mort thermique de l’Univers est un scénario fascinant et effrayant à la fois. Il s’agit d’un état où toute l’énergie thermique de l’Univers serait répartie de manière uniforme, sans possibilités de créer du mouvement ou de la vie. Selon la seconde loi de la thermodynamique, je veux dire l’entropie de l’Univers, elle tend à augmenter avec le temps, ce qui signifie que le désordre et le chaos s’accroissent. Je fais un petit rappel sur l’entropie : l’entropie est un concept qui a été introduit par le physicien allemand Rudolf Clausius à partir d’un mot grec signifiant « transformation ». Il s’agit d’une grandeur qui mesure le niveau de désorganisation ou d’imprédictibilité du contenu en information d’un système. Plus l’entropie est élevée, plus le système est désordonné et difficile à prévoir. Par exemple, vous remuer le matin le sucre dans votre café, l’entropie augmente, le sucre est initialement dans un état ordonné (solide), mais lorsqu’il se dissout dans le café, il passe à un état désordonné (liquide) et sans apport d’énergie il refroidit, l’inverse n’est pas possible, c'est aussi la notion de flèche du temps. De ce fait, à un moment donné, l’Univers atteindra son entropie maximale et il n’y aura plus aucune différence de température entre les différentes régions de l’espace. Les étoiles s’éteindront, les galaxies se disperseront et le rayonnement électromagnétique deviendra insignifiant. Ce sera la fin de tout ce qui existe ! Quoi qu’il en soit, la mort thermique de l’Univers reste une hypothèse fascinante à explorer, qui nous interroge sur le sens et la valeur de notre existence. Néanmoins, la conséquence immédiate de l’expansion de l’Univers est de postuler que celui-ci était par le passé plus dense et donc plus chaud, si je prolonge le raisonnement en remontant l’histoire de l’Univers, j’arrive au Big Bang, soit, une singularité initiale pour faire court. Dans le modèle des physiciens relativistes Friedmann et Lemaître, ils démontrent en trifouillant les équations d’Einstein que l’Univers est en expansion et qu’il n’a pas toujours existé, c’est l’inverse de la théorie de l’Univers statique qui n’a jamais connu de début (-∞+1=-∞). De ce fait, il existe une singularité initiale souvent décrite maladroitement comme une sorte d’explosion. Les équations de Friedmann-Lemaître sont l’application des équations de la relativité générale écrites dans le contexte d’un modèle cosmologique homogène et isotrope, ce dernier étant représenté par une métrique. La thermodynamique et le théorème de Borde-Guth-Vilenkin à partir des travaux de Hawking et Penrose sur la singularité initiale sont une preuve que l’Univers a eu un début.


Même si on peut multiplier les exemples, ce qui est fait dans le livre, il est possible de postuler qu’une seule preuve valable est suffisante pour invalider la thèse d’un Univers uniquement matériel. À l’inverse, si on décrit un Univers statique, soit un modèle cosmologique dans lequel l’univers est considéré comme ayant toujours existé et ne changeant pas avec le temps. Comme le pensais au début Einstein et Fred Hoyle, dernier grand cosmologiste et astronome à défendre bec et ongles cette théorie. Pour un Univers statique (notion d’infini) il est possible de postuler le matérialisme dans le sens où celui-ci est une doctrine philosophique selon laquelle la matière est la seule réalité fondamentale et que tous les phénomènes peuvent être expliqués par des causes matérielles. En fait, la question d’Univers statique ou en expansion est basée sur des théories scientifiques, soit des observations et des preuves empiriques qui masquent la big question de Dieu. On comprend les enjeux philosophiques, théologiques, matérialistes, et pourquoi la question dualiste Univers statique ou Univers en expansion a soulevé des montagnes.


Le deuxième passage dans le livre qu’il me semble important d’amplifier ici est le principe anthropique, concept épistémologique, je veux dire les fabuleux réglages fins de L’Univers, j’en parle dans mon dernier article sur Agoravox « La revanche des athées ». Selon ce principe, l’Univers est nécessairement compatible avec les êtres humains dans la mesure où ces derniers existent. Pour le dire autrement, le principe stipule que toute théorie anthropique valable de l’univers doit être compatible avec l’existence d’êtres humains. Le principe anthropique fort postule que les paramètres fondamentaux dont dépend l’Univers sont réglés pour que celui-ci permette la naissance et le développement d’observateurs en son sein à un certain stade de son développement. Dans le livre, la notion d’ajustement fin (fine-tuning) est bien sûr centrale, elle désigne la situation où un certain nombre de paramètres doivent avoir une valeur très précise pour pouvoir rendre compte de tel ou tel phénomène observé. La notion d’ajustement fin a suscité de nombreux débats et discussions exaltés, parfois sectaires dans la communauté scientifique. Il peut être considéré comme courageux pour un scientifique dans ce domaine de poursuivre ses recherches malgré les critiques ou les obstacles des dogmes. La citation “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme” nous rappelle l’importance de la réflexion et de l’intuition pour passer du savoir à la connaissance. Accumuler des savoirs n’est pas suffisant, et même dangereux si cela est mis au service d’une “âme malveillante.

Cependant, il est important de noter que la science est un processus en constante évolution et que les idées et les théories peuvent être remises en question, révisées à mesure que de nouvelles preuves et observations sont découvertes. Les scientifiques doivent donc être prêts à remettre en question leurs propres idées et à les confronter aux données disponibles. Par exemple quand certains scientifiques considèrent que l’ajustement fin des constantes fondamentales de l’univers est une preuve de l’existence d’un dessein intelligent ou d’une finalité dans l’univers ou un phénomène encore pas intelligible contenu de nos connaissances. Pour cause, si une de ces constantes cosmologiques était différente même d’une valeur infinie décimale ou incommensurables nous ne serions pas là pour en parler, la nucléosynthèse à l’intérieur des étoiles ne se serait jamais formée ou serait complètement chaotique. Dans le modèle standard de la cosmologie, les caractéristiques de l’univers dans lequel nous évoluons dépendent d’une quinzaine de constantes physiques. Ces constantes avec leurs valeurs ne varient ni dans le temps ni dans l'espace, soient : la vitesse de la lumière dans le vide, la constante newtonienne de la gravitation, la densité d'énergie du vide, la constante de Hubble, la constante de Boltzmann, la constante de Planck, la longueur de Planck, le temps de Planck, la masse de Planck, la température de Planck, la constante de structure fine, la masse du proton, la masse de l'électron pour citer les plus importantes.


Par exemple, la constante de structure fine présente à la création de l’Univers, c’est une constante physique sans dimension qui caractérise la force des interactions entre lumière et matière définies par la théorie de l’électrodynamique quantique. Elle a sidéré les plus grands savants avec sa valeur 0,007 297 352 537 6, personne ne peut l’expliquer vraiment, en contrepartie, on sait que si le treizième chiffre après la virgule, c’est à dire le 6, s’il était remplacé par un 7, tout dysfonctionnerait, ce serait l’anéantissement et l’apocalypse.

Max Born prix Nobel de physique nous dit à ce sujet, je le cite « Si la constante de structure fine avait une valeur légèrement plus élevée, nous ne serions plus en mesure de distinguer la matière du néant, et notre tâche de démêler les lois de la nature serait désespérément compliquée. La valeur de cette constante n'est certainement pas due au hasard, mais est elle-même une loi de la nature. Il est clair que l'explication de ce nombre doit être le problème central de la philosophie naturelle ».

Je ne sais pas si Stephen Hawking commençait à croire en Dieu vers la fin de sa vie quand il a dit "Qui a mis le feu aux équations ?", on pourrait dire aussi qui s’est occupé de régler les "potars" avec autant d’inexorabilité et de virtuosité.


En zététique, comme on l’a précisé au début de l’article, il est important de pratiquer le doute, par exemple de postuler que le hasard (philosophie du matérialisme) ne serait-il pas la réponse à toutes ces questions ? Dans le contexte de la création de l’univers, il est difficile pour moi de dire si le hasard a joué un rôle ou non. Néanmoins, la réponse des auteurs du livre est relativement catégorique, non ! Le principe est de dire, tout s’assemble, se structure, s'articule, s’organise, trop parfaitement. Statistiquement avec le chaos d'un Univers random pour qu'on arrive à un équilibre, ajustement, homogénéité et isotropie, celle observée aujourd’hui. Il faudrait pour qu’une telle improbabilité puisse survenir, supposer l’existence de l’ordre de 10 puissances de 60 univers indépendants, dotés de tous de lois différentes, c’est-à-dire un nombre gigantesque d’univers existant « ailleurs », ainsi que l’existence d’un process pour créer des univers.

Le principe de parcimonie (ou rasoir d’Ockham, ou principe de moindre action) qui consiste à n’utiliser que le minimum de causes élémentaires pour expliquer un phénomène en prend un sacré coup ! On n’a jamais vu un tel gâchis dans la nature, sachant que la quantité d’actions nécessaires pour un changement dans la nature est la plus radicalement petite possible. Fermat a utilisé le rasoir d'Ockham avec la réflexion et la réfraction de la lumière en considérant que la nature agit toujours de la manière la plus économique et la plus efficace possible.


Pour un mathématicien normalement constitué, ce chiffre 10 puissance 60 n’a pas de sens, pour comparaison, si je prends la totalité des particules dans l’Univers le nombre est de 10 puissance 81 (10 avec 81 zéros). Pour ceux qui sont allergiques aux grands nombres, il est possible de faire l’expérience de pensée et de dire, je suis un archer qui en tirant une flèche au hasard, atteindrait une pièce d’un euro située à l’autre bout de l’Univers (Démonstration Trinh-Xuan-Thuan, pour 10 puissance 60, pour expliquer la planitude ou l’absence de courbure de l’univers), comme je vous disais cela n’a pas de sens. En résumé, dans le livre, la notion de hasard passe un mauvais quart d’heure et par voie de conséquence, c’est la même chose pour les notions de multivers qui considère que l’existence de multivers offre une explication matérialiste de l’univers sans avoir recours à l’idée d’un créateur divin. Ces hypothèses sur les multivers sont énoncées comme des théories scientifiques, mais sont-elles réellement scientifiques ? Elles ressemblent plutôt à des descriptions

fantastiques ou mythologiques. On a conscience que ces théories ne peuvent pas être vérifiées, elles ne peuvent donc être ni validées ni réfutées, car elles sont en dehors du champ de l'expérience des sciences. En général, pour qu’une théorie soit considérée comme scientifique, elle doit être falsifiable, c’est-à-dire, il doit être possible de la tester et de la réfuter par l’observation et l’expérimentation. Un exemple souvent cité pour illustrer cette idée est la théorie selon laquelle tous les corbeaux sont noirs. Cette théorie peut être falsifiée en trouvant un corbeau qui n’est pas noir.


Dans le chapitre suivant du livre, on a la bagatelle d’une centaine de citations d’illustres scientifiques qui ont acquis une grande renommée pour leurs contributions importantes dans leurs domaines de recherche, parmi eux, de nombreux prix Nobel. Je me contente de citer les trois qui représentent l’idée générale pour ne pas faire trop long, sachant ce qui en ressort le plus souvent, c’est l’idée du principe anthropique fort avec le réglage inconcevable des constantes fondamentales dont l'Univers dépend. Le piège du principe anthropique, c'est qu'il est impossible de démontrer son inconsistance.

Je cite :

-Stephen Hawking (1942-2018) « Si, une seconde après le Big Bang, le taux d'expansion de l'Univers avait été plus petit, ne serait qu'un pour cent millions de milliards, l'Univers se serait recontracté avant d'avoir atteint sa taille présente. » - « Les lois de la physique... contiennent beaucoup de nombres fondamentaux. [...] Le fait remarquable est que la valeur de ces nombres semble avoir été finement ajustée pour rendre possible le développement de la vie. » - « Qu'est: ce qui insuffle le feu dans ces équations et produit un univers qu'elles pourront décrire ? » - « La probabilité qu'un univers comme le nôtre ait émergé du Big Bang est infinitésimale. [..]. Je crois nettement qu'il y a des implications religieuses quand on commence à discuter des origines de l'Univers [...], mais je pense que la plupart des savants préfèrent éviter cet aspect de la question. »

-Max Born (1882-1970) Prix Nobel de physique « Si la constante de structure fine avait une valeur légèrement plus élevée que celle qu'elle a, nous ne serions plus en mesure de distinguer la matière du néant, et notre tâche de démêler les lois de la nature serait désespérément compliquée. La valeur de cette constante n'est certainement pas due au hasard, mais est elle-même une loi de la nature. Il est clair que l'explication de ce nombre doit être le problème central de la philosophie naturelle. »

-Yves Coppens (né en 1934), Paléoanthropologue « Il est quand même étonnant que des mutations avantageuses surviennent justement au moment où on en a besoin ! [...] En tout cas, le hasard fait trop bien les choses pour être crédible. »


Après cette première partie du livre, on a le droit à un moment détente avec la phrase « Un petit chapitre pour notre livre, un grand pas pour notre raisonnement ». Plus sérieusement, le moment est venu de mettre en pratique les méthodes exposées au chapitre, intitulé « Qu'est-ce qu'une preuve ? » dans le sens d’un argument ontologique. En science, comme nous l'avons vu, une thèse se prouve en formulant une théorie dont résultent des implications qui peuvent ensuite être validées ou invalidées par leur confrontation au monde réel. Par voie de conséquence, il est possible à présent de conjecturer si la thèse « il n'y a pas de dieu créateur, le monde est uniquement matériel » génère trois implications à caractère scientifique.

On résume :

Si l'Univers est uniquement matériel, alors :

1) L'Univers ne peut pas avoir de début. (C’est le contraire, avec le Big Bang)

2) L'Univers ne peut pas avoir une fin de type mort thermique, car une telle fin implique un début. (Ce n’est pas le cas, avec l’entropie)

3) Les lois déterministes ne sont issues que du hasard et par conséquent, il est extrêmement improbable qu'elles soient favorables à la vie. (Ce n’est pas le cas, vous êtes en train de lire mon article - ...)

Ces trois implications matérialistes, largement admises à toute époque, ne furent longtemps d'aucune utilité aux penseurs ou aux savants, car elles semblaient dépasser pour toujours, et de très loin, les capacités de la pensée humaine. Personne n'aurait jamais pu imaginer alors qu’un jour viendrait où il serait possible de les confronter au réel observable ou à l’entendement.


Ensuite, on a un chapitre concernant la biologie, les auteurs font toujours preuve de zététique concernant notre ancêtre commun nommé LUCA (cellule eucaryote). LUCA est l’acronyme de Last Universal Common Ancestor (Dernier Ancêtre commun universel). LUCA aurait été actif il y a environ 3,5 milliards d’années et ne doit pas être confondu avec le premier organisme vivant. C’était un organisme complexe, pour l’heure on spécule qu’il est issu d’une longue évolution marquée par la sélection naturelle, on n’a toujours pas d’observations ou d’expériences. La théorie selon laquelle tous les êtres vivants partagent un ancêtre commun est acceptée par la majorité de la communauté scientifique, mais son patrimoine génétique ainsi que l’environnement nécessaire à son développement restent de grandes inconnues. Les auteurs du livre procèdent toujours par le doute méthodique, pour faire court je cite un seul exemple : L’ADN humain contient environ 3 milliards de paires de bases, si chaque paire de bases était représentée par une lettre et que chaque page d’un livre contenait 1000 lettres, cela représenterait environ 3 millions de pages. Cela équivaut à environ 6000 livres de 500 pages chacune, le codage ADN est le processus de conversion de données numériques en molécules d’ADN synthétiques, qui peuvent ensuite être stockée ou intégrée à des objets nucléotides adénine (A), la thymine (T), la cytosine (C) et la guanine (G). C'est une forme de stockage de données très dense et durable, qui peut potentiellement contenir des milliers de téraoctets dans une petite quantité d'ADN, comme précisé dans l’exemple. En résumé, votre corps contient environ 6 000 milliards de milliards (6 x 10 puissance 21) d’ADN et chaque ADN contient 6000 livres de 500 pages, vous avez dit par hasard.

Le codage ADN s'inspire du code génétique, c’est l'ensemble des règles permettant de traduire les informations contenues dans le génome des cellules vivantes afin de synthétiser les protéines. L’ADN était déjà présent il y a environ 3,5 milliards d’années dans la cellule LUCA, notre ancêtre commun qui veut dire une cellule qui était à l’origine de la diversification du vivant.

J’ai pitié du lecteur assidu, je ne vous la refais pas dans les détails, sachant que les auteurs du livre vont procéder avec la même méthode pour la genèse de la vie que la genèse de l’Univers.


Nous sommes à un passage clé du développement de l'idée principale. En fait, je pense que vous avez compris à présent que le nerf de guerre du livre, “nervus belli” est la force ou l’élément essentiel concernant la devinette sur Dieu, c’est la question, hasard ou pas hasard et que la question du hasard dépend directement, matérialisme ou pas matérialisme. Et de conjecturer (les auteurs du livre) à présent, si l’Univers et expansion ça prouve qu’il a un début le Big Bang (je remonte son histoire) et par voie de conséquence, ce n’est pas du hasard. J’explique pourquoi, le déterminisme est une théorie philosophique selon laquelle chaque événement, en vertu du principe de causalité, est déterminé par les événements passés conformément aux lois de la nature. En d’autres termes, cela signifie que les actions et les événements futurs sont le résultat inévitable des actions et des événements passés. Dans un univers statique, il n’y aurait pas de changement ou d’évolution, donc l’idée d’une cause première ne serait pas nécessaire. Dans le cas présent, nous sommes dans un Univers en expansion, il nous faut une cause première en conformité avec l’idée du déterminisme, pour le dire autrement, l’allumette qui a mis le feu aux équations, c’est l’idée entretenue par les auteurs du livre. Je rappelle que le déterminisme est la théorie selon laquelle la succession des événements et des phénomènes est due au principe fondamental de causalité en physique des sciences. Pour information, le principe de causalité affirme que si un phénomène (nommé cause) produit un autre phénomène (nommé effet), alors l'effet ne peut précéder la cause.


La notion de hasard et de matérialisme omniprésente dans le livre peut être interprétée de différentes façons selon les courants philosophiques, néanmoins dans le texte, le matérialisme est un système philosophique qui soutient que toute chose est composée de matière et que tout phénomène résulte d'interactions matérielles, y compris l'esprit et la conscience. En dehors de la définition du texte, pour certains matérialistes, le hasard est une illusion qui provient de notre ignorance des causes réelles des événements. Tout serait déterminé par les lois de la nature et il n'y aurait pas de place pour la liberté ou la finalité. C'est le cas du matérialisme mécaniste ou déterministe. Pour d'autres matérialistes, le hasard est une réalité objective qui exprime l'indétermination ou la contingence de certains phénomènes. Il y aurait donc une part d'imprévisibilité et de créativité dans la nature et dans l'histoire. C'est le cas du matérialisme dialectique ou historique.


Vous me pardonnerez probablement de ne pas conclure, il serait prétentieux de ma part de parachever arbitrairement un débat, comme je l’écrivais au début, qui a été étudié par des scientifiques, des théologiens et des philosophes depuis la nuit des temps où l’on n’a toujours pas de réponse. Néanmoins, en guise de conclusion, je vous propose un passage appétant du livre, qui ne manque pas d’intérêt. En effet, les auteurs citent beaucoup de scientifiques et en particulier Einstein et Gödel concernant l’idée de Dieu. Pour Einstein en plus d’être un génie scientifique était un grand humaniste (que j’ai beaucoup lu), je le trouve versatile concernant l’idée de Dieu, a priori, Einstein était plutôt panthéiste au sens spinoziste ou déiste, il était allergique à l’idée d’un dieu personnel qui intervient dans les affaires humaines. La boutade « Dieu ne joue pas aux dés ! » lors d’une discussion agitée avec Niels Bohr qui lui a répondu : « Qui êtes-vous Albert Einstein pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? », ou « Je veux connaître les pensées de Dieu, tout le reste n'est que détail », sont à placer dans des contextes particuliers. On trouve beaucoup de controverses de ce type chez Einstein d’où la complexité d’analyse, donc, je ne me risque pas dans cette aventure érudite.

À présent, Kurt Gödel, s'il est infiniment moins connu du grand public que son grand ami de compagnie Einstein, il n’en demeure pas que c’est le plus grand logicien de l’histoire, Gödel est considéré par ses pairs comme un génie unique en son genre. On parle de la « révolution gödelienne » comme l’une des plus profondes dans l’histoire des mathématiques et de la logique. Son théorème d’incomplétude est peut-être la proposition mathématique la plus significative du XX siècle. Ces théorèmes démontrent qu’il existe des propositions indécidables dans tout système formel suffisamment puissant pour exprimer l’arithmétique. Autrement dit, il est impossible de prouver ou de réfuter toutes les vérités mathématiques à l’aide d’un ensemble fini d’axiomes et de règles de déduction. On peut résumer simplement par, il existe des affirmations mathématiques vraies dont nous ne pourrons jamais démontrer qu’elles sont vraies. Du coup, le grand mathématicien Hilbert, qui visait à établir la consistance et la complétude des mathématiques sur des bases purement formelles (idéalisme mathématique), c’est retrouvé à genoux. Je veux dire, David Hilbert qui pensait consolider les maths sur des bases inébranlables en postulant si une affirmation mathématique est vraie, alors il en existe nécessairement une démonstration, ben non.


Je cite « Kart Gödel (1906-1978), logicien, professeur de mathématiques à Princeton : « Le mécanisme en biologie est un préjugé de notre époque qui ne résistera pas à l'épreuve du temps. L'une des démonstrations à venir sera un théorème mathématique qui montrera que la formation dans les temps géologiques d'un corps humain, avec les lois de la physique - ou d'autres lois de nature similaire — à partir d’une distribution aléatoire de particules élémentaires et d’un champ quantique, est aussi improbable que la séparation par hasard de l'atmosphère en ses composants simples» - « Il existe une philosophie et une théologie scientifiques, qui traitent de concepts de la plus haute abstraction, et ceci est très fructueux pour la science. [...] Dieu existe”. » On retrouve encore l’idée du hasard inconsistante.


S’il existe des affirmations mathématiques vraies dont nous ne pourrons jamais démontrer qu’elles sont vraies, cela à pour conséquence aussi de se poser la question, la mathématique, découverte ou invention ?

Certains pensent que les mathématiques sont une "invention" humaine, basée sur notre créativité et notre logique. Ils disent que les mathématiques sont le produit de notre esprit et de notre langage, et qu'elles n'existent pas indépendamment de nous.

D'autres pensent que les mathématiques sont une "découverte", qui révèle des vérités cachées sur le monde et l'univers. Ils disent que les mathématiques existent dans la nature ou dans la pensée de Dieu ou dans un monde platonicien d'idées, et que nous ne faisons que les trouver. Pythagore réputait que le monde réel était une imitation imparfaite du monde des idées, où demeuraient les modèles parfaits de tout ce qui existe. Selon lui, les idées étaient accessibles par la raison et l'intuition, et non par les sens. Il a développé des théorèmes et des concepts mathématiques qui reflétaient sa vision du monde des idées, comme le théorème de Pythagore, la notion de nombre irrationnel ou la musique des sphères. Pour Pythagore, le monde des idées est le domaine des nombres, qui sont les principes premiers et les causes de toute chose. Le monde des idées est donc mathématique et harmonieux, et il peut être connu par la démonstration rationnelle.


Comme disait le philosophe Voltaire : "Le hasard est le nom que les ignorants donnent à leur ignorance". Ou comme disait l'humoriste Pierre Dac : "Le hasard fait bien les choses, mais il faut l'aider un peu". C’est ce que j’ai tenté de faire dans cet article.


Le livre comporte une dernière partie sur les religions, je trouve courageux d’aborder les religions dans ce type de livre. Néanmoins, dans ce type d’initiative, la zététique du début devient mollassonne et les arguments parfois arbitraires manquent de consistances, c’est mon avis. Sachant que je n’ai pas les connaissances et compétences nécessaires pour maîtriser ce sujet en plus de manquer d’expérience dans ce domaine, vous comprendrez qu’il est mieux pour moi d’expirer.

#gcopin

gerardcopin
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le 8 juil. 2023

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