Lu en Novembre 2021. Trad Jacques Lacarrière. Ed Repliques - Actes Sud. 7,5/10
Electre est un personnage qui inspirera beaucoup. C'est la femme pieuse, vengeresse, pleine d'orgueil, qui préfère la mort au déshonneur.
Elle a été écrite par les trois antiques mais elle n'a pas été réécrite à l'époque du "classicisme".
J'ai bien aimé la focalisation sur Electre qui est en permanence sur la scène et interagit avec d'autres personnages qui viennent la rejoindre.
C'est un personnage dans lequel j'ai trouvé plus de nuances qu'il n'y paraît, elle n'est pas purement obsédée : "J'ai honte de tout ce que je suis, de tout ce que je fais car je sais qu'à mon âge une fille ne doit pas se comporter ainsi envers sa mère. Mais c'est toi, ce sont tes paroles et tes actes qui me forcent à agir ainsi. Ce sont tes bassesses qui provoquent les miennes." (p32 - l616-621)
Chrysothémis est aussi un personnage intéressant. Il sert une opinion nuancée sur tout ce qu'Electre proclame comme inaliénable.
"C'est souvent dangereux de défendre le droit" (p47 - l1042)
J'ai aussi et surtout été fasciné par les chœurs, comment était ce rendu et comment ça le serait aujourd'hui ? Mais ce personnage "choeurs", qui n'en est pas vraiment un joue un rôle très particulier et essentiel : c'est à la fois un narrateur et un spectateur des effusions des personnages.
Les meurtres hors champs, à la fin, sont aussi très évocateurs, Aristote s'en servira pour définir la bienséance qui sera portée comme règle difficilement dépassable pour plus de 2000ans. Même si, je ne sais pas si c'est normal, mais l'assassinat de Clytemnestre où son personnage n'est plus que sa "voix" me semble très comique.
En bref, c'est vraiment inspirant de lire un antique, je ne l'avais pas fait jusque là et ça permet de remettre les choses qu'on croit connaître, dans l'ordre.