Il s'agit ici davantage d'une note que d'une critique. Luc Ferry dans sa leçon sur Leibniz (collection Sagesses d'hier et d'aujourd'hui / Volume 8) mentionne l'œuvre de Boris Vian "Et on tuera tous les affreux". Quel rapport peut-il donc exister entre le philosophe et scientifique allemand Leibniz et le docteur Schutz et ses expériences? Luc Ferry nous permet de faire une lecture philosophique fort intéressante de l'œuvre de Vian. Je le cite à la page 23 du livret:
Le meilleur des mondes (d'après la Théodicée de Leibniz) est celui qui comprend le maximum d'êtres, le maximum de diversité organisé avec le minimum de principes, de lois générales. Par exemple, un monde dans lequel il y aurait mille génies comme Virgile et aucun imbécile, dit en ce sens Leibniz, serait paradoxalement moins bon qu'un monde qui compte, comme celui où nous vivons, des imbéciles autant (ou même plus!) que des génies et, entre les deux, toute la hiérarchie des êtres. C'est la diversité dans l'unité qui fait la beauté et la grandeur du monde, et s'il n'y avait que des êtres ravissants, beaux et bons, ce monde serait à la limite monotone et sans intérêt, car dépourvu de cette diversité qui fait aussi son charme (argumentation qu'on retrouvera intacte, cela dit au passage, cum grano salis, dans un livre de Boris Vian intitulé "Et on tuera tous les affreux", où elle est utilisée par l'auteur pour faire le procès d'un usage du clonage qui viserait à ne conserver que les plus beaux...).
L'expérience finale du chapitre 30 est une validation de la théorie de Leibniz contre celle du docteur Schutz... Dans notre monde il est en effet nécessaire que les affreux côtoient les belles créatures... Il ne faut donc pas les tuer!