J'ai voulu lire ce livre après avoir lu "Les Politique" du meme auteur car il y faisait constamment reference, et "La République de Platon qui est régulièrement cité dans ces deux ouvrages.
Dans ce livre Aristote tente de définir quelles sont les différentes vertus, pourquoi il est important d’être vertueux et comment les obtenir. Il cherche aussi a définir les vices qui sont l'inverse de chaque vertu.
Or je trouve que l’énumération des vices et vertu manque un peu de precision, il arrive vite a la conclusion que la vertu est un juste milieu entre une qualité et son défaut opposé (par exemple le courage et la lâcheté) et que pour certaines vertus le curseur se situe plus vers la qualité que vers le milieu entre les deux mais ca reste assez vague, il ne determine pas comment on peut mesurer cette vertu et qu'est ce qui permet de determiner que la personne est courageuse ou non autrement que par quelques exemples.
Beaucoup des vertu citées sont donc a l’appréciation des autres et peuvent varier selon qui le défini (un homme qui parait courageux pour quelqu'un n'ayant jamais vécu de conflit peut paraître lâche pour quelqu'un ayant beaucoup plus de responsabilités et étant habitué a la prise de risque par exemple)
Cependant le livre propose beaucoup d'idées qui étaient probablement novatrices pour l’époque (si j'en juge aux quelques livres de Platon/Socrate que j'ai lu) ou du moins des manieres de voir les problèmes complètement nouvelles.
En effet dans ce livre defend contre l'essentialisme de Platon une vision beaucoup plus constructiviste ou la vertu si en effet elle peut être un don de naissance peut aussi s’acquérir par l'habitude et l’éducation tout comme les vices.
Ou encore l’idée de l'homme comme animal social et étant grandement dépendant des interactions sociales.
Ces idées sont notamment développées dans les livres 8 et 9 consacres a l’amitié et globalement j'ai trouve le dernier tiers du livre beaucoup plus intéressant, posant des questions encore d’actualité comme : faut il garder comme ami une personne remplie de vices ? Meme si je suis peu sensible aux questions morales c'est une question qui m’intéresse notamment pour le cas ou un ami aurait commis des VSS.
Ou encore qu'est ce qui fait qu'une amitié est durable ? Selon Aristote c'est quand l’amitié ne repose pas sur l'utilité mais sur une sorte d'admiration commune et d'agréabilité.
Enfin Je trouve son idée de la justice intéressante, ou si j'ai bien compris chaque personne a une sorte de valeur et la personne qui commet l'injustice augmente sa valeur au detriment d'un autre le role de la justice étant de rééquilibrer cette valeur.
La partie sur la justice permet aussi de voir un des angles morts de beaucoup de philosophes grecs sur la consideration des non citoyens, selon lui en effet on ne peut commettre d'injustice envers un esclave par exemple car il est impossible de commettre une injustice envers ce qui vous appartient absolument.
Cependant rien ne justifie que l'on "possede" un autre être humain encore moins si maintenant on sait qu'il est tout autant capable de vertu par l’éducation et l'habitude !
En bref beaucoup d’idées sur ces différents sujets sont proposées dans ce livre, souvent sans entrer assez dans le detail a mon gout mais suffisamment pour trouver ici et la des idées pertinentes dont la lecture n'est pas particulièrement difficile ou longue mais demandera quand meme de la concentration pour ne pas perdre le fil.
Je le recommande pour celles et ceux qui s’intéressent a la philosophie d'Aristote évidemment mais surtout comme prérequis pour lire "Les Politiques" .