Il m'est loisible de vous narrer
L'entreprise d'une lecture prévue
Du grand moscovite exilé,
Dans une forme qui nous a paru
D’inspiration légitime.
Sorte de mise en abyme
Des tétramètres iambiques,
Qu’une traduction alambique,
Désespère Vogüé et compères.
À l’oreille, Markowicz pourtant
Risque un écho russe charmant.
À ces vers, lecteur persévère
Et navigue sur ce curieux ton,
Qui retiendra votre attention.


Mais traduire l’intraduisible,
Voilà bien tout et son contraire.
Dans l’esprit du roman libre,
Ce ne serait pas pour déplaire
À l’Auteur qui se joue de nous.
Quand aux héros passion se noue,
Ne le voilà presque indécent,
Mandant santé de nos parents ?
De Tatiana et sa missive,
Cœur lyrique au si bel émoi,
En laissant le lecteur pantois
Pouchkine de nouveau récidive.
Sa tendresse pour ses créations
Cependant offre rédemption


Liberté, amie de la forme,
Ironie planent dans ces pages
Vivantes au style aériforme.
Cadeau volage d’une rime en ‘age’
Un excès de bonté, vraiment !
À l’instar des noms abondants,
Annoncez-vous, les Fonvizine,
Potocki, Byron et Kniajnine
Chichkov reçut de sa gageure
L’épigramme : nul joug sur la langue !
Bien pendante d’ailleurs, il harangue
Contemporains, prédécesseurs.
Érudit, aussi les encense
Et nous fait pâlir d’ignorance.


Si simple et légère soit l’histoire,
Le fumet d’une taïga ne farde
L’odeur de l’isba du terroir.
La mémoire de la Russie garde
Nos héros qui ne se méprennent,
Sous l’égide de Melpomène.
Vil désarroi, Lenski tomba.
Où est l’honneur face au trépas?
Décalage d’un amour revêche,
Des lettres s’échangent mais le temps,
Point favorable reste indigent.
La fin d’un récit qui n’empêche
De lorgner moult danses encore,
Pour voir les pieds de Terpischore.

Aldaron
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le 15 oct. 2020

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Aldaron

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