Faust et sa suite, réunies en un seul livre, inséparables et pourtant différentes, éloignées l'une de l'autre de façon fondamentale mais l'une comme l'autre bénies par la richesse d'une langue que la traduction formidable arrive toutefois à mettre en valeur.
Pour être honnête et transparent, malgré toutes ses qualités, la suite de Faust m'a paru plus difficile à ingérer, sans doute un peu refroidi par la forme plus proche du roman allégorique, différente de celle de la première version qui propose une poésie en vers délectable à lire. Ce dernier point vaut sans doute autant par la beauté des rimes que pour le rythme autrement plus soutenu, fondé sur la brièveté des actes et des scènes aussi bien que sur le choix du style et du format d'écriture.
Il résulte des actes parfois longuets et des phrases plus obscures ou plutôt imagées de ce Faust 2 un semblant de décrochage qui heureusement s'estompe sur la fin pour ne pas gâcher la dernière impression.


Malgré ces quelques tares d'une deuxième partie qui met énormément en avant le style et l'image pour mieux cacher le propos au lecteur peu au fait ou en manque de concentration, nul doute n'est permis quant à la qualité de l’œuvre. Mythe plus ou moins inspiré d'un personnage réel, ce Faust de Goethe est une vision poétique qui éblouit le lecteur, narrant la naissance d'un pacte et des aléas (aventures serait-on tenté de dire) qui en découleront, entre le docteur Faust, personnage de savant au bord du suicide qui recherche à travers les savoirs scientifiques et magiques la possibilité d'un bonheur suprême, et le personnage moitié valet bouffon/moitié diable de Méphistophélès. Ce dernier entraîne le docteur dans ses péripéties afin de ravir à la fin son âme. Le poème se compose de multiples tableaux narrant la tragédie de Marguerite, un sabbat (la nuit de Walpurgis) ou encore la relation avec Hélène et la bataille d'un empire, séquences reliées les unes aux autres par un fil conducteur facilement identifiable dans Faust 1, beaucoup moins dans sa suite comme on le disait, mais qui ont une identité propre, une imagerie qui fait de l’œuvre une boîte à spectacles.


Goethe sait à merveille manier l'humour en plus de du beau langage et l'on ne s'ennuie pas de l'ironie et des facéties de Méphisto, on savoure les piques de l'auteur sur certains thèmes tout comme la variété de ces derniers qui brassent large, de l'amour à la théologie en passant par la politique, le savoir...
J'avoue avoir du mal à rassembler mes pensées pour structurer un avis clair et ordonné sur cette œuvre à la richesse parfois déroutante, alors je me contenterai de déclamer mon amour de cette écriture magnifique qui prend des récits moyenâgeux en passant par la Grèce antique pour mieux finir par une dévotion à la Vierge que ne renierait pas Dante dans son Paradis.
Goethe a crée un poème colossal qui lui a pris énormément de sa vie et de son temps et si l'on peut être déçu du parti pris de la seconde moitié (tout est relatif), l'ensemble est beau, profond et touchant.


De là à dire que l'on échangerait bien volontiers son âme au diable contre une relecture, il n'y a qu'un pas que je franchirai bien volontiers dans quelque temps.

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le 3 juin 2016

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yondragon
8

Gut ^_^

Un livre sombre, un livre bien écrit, un livre ou le diable est pour une fois bien représenté (ou du moins plus proche de ce que je pourrais imaginé comme diable .... Soit très humain) La première...

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