le 4 mai 2025
Cochon de Michon !
La force de Pierre Michon, c'est évidemment le style. Raison qui m'amena à ouvrir une partie de ses romans, de Vies minuscules aux Onze en passant par La Grande Beune. Je retrouve ici cette puissance...
Qu’est-il arrivé à Pierre Michon ?
Après le grandiose et extraordinaire « Vies minuscules » j’avais déjà été moins emballé par « Les Onze » et encore moins par « Les deux Beune ».
Mais alors que dire de « J’écris l’Iliade » ? Quelle note mettre à un livre dont il faut avouer que je l’ai laissé de côté à plusieurs reprises et dont je n’ai lu certains chapitres qu’en diagonale et certains pas du tout ?
Qu’est-ce que c’est que cette grandiloquence ? Ce lyrisme ? On frôle le ridicule pour ne pas dire le guignolesque quand il se prend d’amour, par un jeu associatif, à une locomotive à vapeur « la Mikado ». De l’outrance poétique, diront certains. D’autres parleront d’une prose défoncée, comme sous acide, mais attention ! Avec des lettres ! Puisqu’on vous dit qu’on est chez Homère… On se croit lyrique et on n’est que ridicule. Non rien ne va plus… Et on se perd dans ce dédale de phrases soutenues de mille références homériques que mon inculture dans le domaine de la mythologie ne me permet pas d’habiter. Pierre Michon aura beau construire les plus belles phrases du monde, celles-ci ne peuvent s’incarner lorsqu'elles se perdent dans l’abstraction ; comme quand l’auteur nous parle de la phrase comme « structure anthropologique ». Ben, quoi ?
D’ailleurs Pierre Michon est-il vraiment dupe ? Certains passages penchent ainsi vers l’autodérision. Exemple page 235, quand il avoue avoir essayé de placer un mauvais roman chez un ami éditeur et qu’il écrit :
« Il était à peine passable et je le savais. Je lui avais déjà fait avaler des croûtes ; nul ne s’en était avisé ; ayant pris la voie de m’encenser, la critique n’en avait pas dévié et avait porté mes croûtes aux nues, comme elle avait fait mes chefs-d’œuvre. On m’admirait par pure convention, un ronron, comme mes compères tortillards au long cours, Sollers ou Modiano. »
C’est celui qui dit qui est…
Autre aveu page 93 :
« Je les prévenais depuis toujours que ma littérature, c’était « prise de tête et compagnie », juste pour épater les intellectuels et gagner quelques sous. Et qu’ils ne s’offusquent pas de l’air de supériorité que je m’y donne (…).
Fausse modestie ou arrogance suprême ? La quatrième de couverture nous parle de « l’un des plus grands écrivains français » quand d’autres le désignent comme « le plus grand prosateur français vivant »…
Michon est devenu avec le temps notre petit Mallarmé du XXIe siècle. Avec Mallarmé « la chair est triste, hélas » (évitons Ovidie…) mais avec Michon la chair est ennui. Même en citant toutes les déesses de l’Olympe et même avec la belle Hélène, Pierrot Michon tire à blanc. Pierre Michon veut jouer au polisson mais il ne réussit à ne l’être qu’une seule fois, quand, enfant, dans la cuisine de sa mère couturière, il lorgne les fesses des belles dames venues se dévêtir pour essayage. Et ainsi cette cuisine devient « le Parthénon des petites culottes ». Oui, c’est la seule fois où les phrases de Michon prennent chair et nous atteignent quelque peu. Et quelque peu c’est peu…
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Créée
le 23 juin 2025
Critique lue 46 fois
le 4 mai 2025
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le 14 mai 2025
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