Pré-analyse autotélique de son oeuvre.

Sous ce titre pompeux se cache une réalité assez simple à comprendre : dans cette oeuvre pour le moins irritante et aussi pompeuse que mon titre, Pascal Quignard analyse un aspect de la démarche qui sera celle de Tous les matins du monde, lorsqu'il l'écrira quelque temps après.

Une analyse de l'auteur exprimant ses conceptions de son oeuvre et plus généralement, de ses inspirations, des choses, pourquoi pas, se dit-on au premier abord ?
Seulement, ce genre d'analyse tirée par les cheveux, c'est celui qui m'a fait détester la poésie (parfois) et que, fait par un prof de français, j'aurais trouvé ridicule, complètement pas crédible et nullement en lien avec les intentions de l'auteur. (Je sais pas si je suis claire.)
Sauf que venant de lui-même c'est pour le moins décontenancant. Alors oui, on est un peu bluffé par la profondeur de la réflexion, des analogies, et surtout l'incontestable qualité d'écriture... Mais qui est aussi à la limite du mystique, arbitraire, dont l'argumentation ne convainc guère, et avec une insistance forcenée sur la mue. C'est le sujet central du livre (des deux premières parties en tout cas) certes, mais c'est redondant et très vite, de par le ton, insupportable. J'ai aussi trouvé assez creuses les comparaisons tombées du ciel entre une cabane et le foetus dans le ventre de sa mère, par exemple.

Bon là, je parlais des deux premières parties.
La troisième est plus sympathique, annonçant un autre thème central (et plus important encore) de TLMDM, sans autant d'obscurité poético-intellectualisante, réussissant presque à émouvoir, et à cette ultime partie je mets la moyenne (même si ça ne se voit pas dans la note finale of course). Conte japonais centré sur la musique distrayant, et très intéressant.

Bilan plutôt mitigé donc, mais plutôt négatif à cause des deux premières parties m'ayant insupportée. Même si le passage sur le coït de la grenouille est... instructif (allez donc voir, petits curieux !).
Eggdoll
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Déceptions.

Créée

le 12 avr. 2011

Critique lue 634 fois

1 j'aime

Eggdoll

Écrit par

Critique lue 634 fois

1

D'autres avis sur La Leçon de musique

La Leçon de musique
BibliOrnitho
3

Critique de La Leçon de musique par BibliOrnitho

Cette leçon de musique est le prélude d’un autre livre de l’auteur : « Tous les matins du monde ». Prélude que je peine à qualifier, à classer, à résumer. Ce n’est probablement pas un roman. Pas tout...

le 6 nov. 2013

1 j'aime

La Leçon de musique
MarianneL
6

Critique de La Leçon de musique par MarianneL

C’est un livre très court, oscillant entre essai et roman, publié en 1987, quatre ans avant « Tous les matins du monde ». On y voit déjà Marin Marais, renvoyé du chœur de Saint-Germain l’Auxerrois...

le 12 oct. 2012

1 j'aime

La Leçon de musique
Eggdoll
4

Pré-analyse autotélique de son oeuvre.

Sous ce titre pompeux se cache une réalité assez simple à comprendre : dans cette oeuvre pour le moins irritante et aussi pompeuse que mon titre, Pascal Quignard analyse un aspect de la démarche qui...

le 12 avr. 2011

1 j'aime

Du même critique

L'Insoutenable Légèreté de l'être
Eggdoll
10

Apologie de Kundera

On a reproché ici même à Kundera de se complaire dans la méta-textualité, de débiter des truismes à la pelle, de faire de la philosophie de comptoir, de ne pas savoir se situer entre littérature et...

le 11 mars 2013

152 j'aime

10

Salò ou les 120 journées de Sodome
Eggdoll
8

Au-delà de la dénonciation : un film à prendre pour ce qu'il est.

Les critiques que j'ai pu lire de Salo présentent surtout le film comme une dénonciation du fascisme, une transposition de Sade brillante, dans un contexte inattendu. Evidemment il y a de ça. Mais ce...

le 6 mai 2012

70 j'aime

7

Les Jeunes Filles
Eggdoll
9

Un livre haïssable

Et je m'étonne que cela ait été si peu souligné. Haïssable, détestable, affreux. Allons, c'est facile à voir. C'est flagrant. Ça m'a crevé les yeux et le cœur. Montherlant est un (pardonnez-moi le...

le 21 mars 2017

49 j'aime

5