Trois romans (L’île des chasseurs d’oiseaux, L’Homme de Lewis, Le Braconnier du lac perdu), une île battue par les vents, Lewis, en Écosse,
et au centre : Fin Macleod, flic revenu sur sa terre natale, hanté par ses souvenirs et les morts qu’il faut affronter. Mais plus que des enquêtes, c’est un retour aux racines, une traversée du deuil, de la mémoire et du territoire. Chaque tome se répond, se complète, se déchire comme une lande gorgée de pluie.
Ce qui en fait un chef-d’œuvre :
- L’atmosphère : on est dans un polar poétique, terrien, minéral. On sent les embruns, le whisky, les tourbières et les silences. Peter May transforme chaque rocher, chaque falaise, chaque souvenir d’enfance en personnage à part entière.
- Le rythme : pas de surenchère. C’est tendu, mais lent, profond. L’angoisse vient du passé, pas du sang versé. Et pourtant, impossible de décrocher. Chaque page sent le vrai, le dur, l’irréversible.
- Les personnages : Fin Macleod est un héros brisé mais debout, entouré de figures complexes, rugueuses, bouleversantes. Personne n’est lisse, et c’est ça qui marque.
- La langue (merci au traducteur Jean-René Dastugue) : sobre, précise, mais toujours habitée. Il y a quelque chose de sacré dans la façon dont May raconte ces gens, ces lieux, ces douleurs muettes.
- Une trilogie du retour, du regret, de la réconciliation : ce n’est pas juste une série de polars. C’est un récit sur la mémoire, sur ce qu’on enterre et ce qui remonte avec la pluie. C’est l’histoire d’un homme, d’un village, d’une île et de ce qu’on devient quand on affronte ce qu’on n’a jamais osé dire. À chaque tome, tu crois que tu vas résoudre un mystère. En vrai, tu creuses l’âme d’un lieu, d’un peuple, et peut-être la tienne.
En conclusion :
Une œuvre totale. Un polar qui prend son temps, qui parle de la vie autant que de la mort, qui te laisse plus humain, plus humble, plus vibrant après lecture. Un chef-d’œuvre des brumes. L’Écosse gravée dans les nerfs.