"La vie avant la mort, la force avant la faiblesse, le voyage avant la destination".

                                -Critique du livre 1 mais aussi du 2-

Ce coup-ci, ça y est, j'crois bien qu'on la tient, la pépite fantasiesque de ces dernières années.
Mûrie pendant vingt ans dans la tête de Brandon Sanderson (vous voyez, le gars qui a écrit la saga Fils-des-Brumes, et qui a fini la Roue du Temps, car Robert Jordan était mort en 2007 d'une amylose) puis couchée sur le papier, cette Voie des Rois (qui s'intègre à l'univers étendu du Cosmère) se déroule dans un monde bien particulier ; dédaignant les forêts bucoliques avec tout plein d'elfes et les vallées verdoyantes, qui sont très utilisées dans un récit de Fantasy, Sanderson préfère placer son cadre dans un univers rocailleux, quasiment désertique, peuplé de crustacés plus ou moins grands, et secoué régulièrement par des tempêtes d'une extrême violence (même la carte forme une tornade vue du dessus), qui fut ravagé il y a des millénaires de cela par une guerre opposant les Néantifères à l'Humanité, qui fut aidée par les Hérauts et les Chevaliers Radieux, dont seules leurs armures et leurs Lames d'éclat, qui décuplent la puissance de leur propriétaire et lui permettent de trancher tout et n'importe quoi, subsistent pour témoigner de leur existence (rappelant les Angreal et les Ter'angreal, seuls vestiges de l'Âge des Légendes, dans la Roue du Temps, l'une des principales sources d'inspiration de Brandon).


L'auteur conte ici l'histoire de quatre personnages : celle de Kaladin Béni-des-Foudres, virtuose de la lance réduit en esclavage, qui va tout faire pour se sortir du désespoir, se dépêtrer de cette mouise et tisser petit à petit des liens de confiance et d'amitié avec d'autres moins-que-rien. Il y a aussi Dalinar Kholin, oncle du roi, virtuose de la guerre, frappé de visions du passé qu'il ne parvient pas à comprendre et déterminé à rétablir un minimum d'honneur dans la noblesse. Ensuite il y a Szeth, assassin surdoué maîtrisant la Fulgiflamme (qui lui permet, par exemple, de décupler sa vitesse ou sa force, et de changer le centre de gravité de ses ennemis, les faisant tomber vers les murs), contraint à commettre des meurtres qui lui répugnent, parce que dans la Voie des Rois, peu nombreux sont les personnages aimant tuer, rajoutant ainsi davantage de réalisme et de crédibilité. Et enfin il y a Shallan, qui devient l'élève d'une membre de la famille royale, avec un tout autre objectif en tête...
Grosso modo, c'est ça l'histoire, et c'est fichtrement bien raconté : le gaillard parvient à rendre les personnages crédibles et ambigus, avec leurs peurs, défauts, qualités, visions du monde, à leur donner des relations solides (je retiens surtout la relation entre Kaladin et ses hommes, qui vont peu à peu devenir des amis et des guerriers dévoués, et qui est l'un des plus beaux exemples d'amitié masculine), saupoudrées de discussions intellectuelles, au coeur d'un univers complexe et intéressant ainsi d'une histoire parsemée de questions fascinantes dont le récit nous fournira les réponses au fil des tomes suivants : Qu'étaient les Néantifères ? Pourquoi les Radieux et les Hérauts ont-ils abandonné l'Humanité ? Pourquoi l'ancien roi a-t-il été assassiné ? Que sont véritablement les sprènes ? Qui a tué le colonel Moutarde ?


Faut pas que j'oublie non plus de mentionner que les combats sont vraiment bien écrits et très graphiques ; on sent toute la puissance que dégagent les porteurs d'armures d'éclat, qui peuvent anéantir une troupe de vingt vétérans en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "pastèque", on sent à quel point Szeth, Dalinar et Kaladin sont des combattants redoutables qu'il vaut mieux ne pas chercher. Le seul vrai bémol étant l'intrigue de Shallan, qui comporte des enjeux moins prenants que ceux des autres storylines.
Bon, quoi d'autre encore ? Ah, oui, faut pas que j'oubie les systèmes de magie, la Fulgiflamme et la Spiricantation, qui sont originaux comme je les aime et qui offrent tout un éventail de possibilités.
Voilà, c'est un très bon premier tome, qui sait introduire à des enjeux, des personnages, une histoire et un univers qui méritent qu'on prenne le temps de s'y intéresser, et que je conseillerais surtout aux amateurs d'Epic Fantasy et à ceux qui ne se laissent pas dégoûter par un rythme lent, oubliez pas votre pain au chocolat, quand même.
Note : 8,75.

Créée

le 29 oct. 2019

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