- Pourquoi penses-tu à la guerre ?
- Je ne sais pas. Auras-tu peur, toi, s’il y a la guerre ?
Moi j’aurais la frousse ; pas lui.
Il distingue le désastre collectif qui approche, comme une fièvre qui monte. Ça chauffe, il s’engourdit, le front devient moite, le système immunitaire cafouille. Les émotions crasses avancent, par saccades, puis au pas. C’est la tristesse, la peur et la colère, la rage ; et des centaines d’autres, imperceptibles, déjà, intoxiqué, qu’il est. Chacun sera contaminé, tôt ou tard, chérira la mort, bientôt. Il continue de nier, il n’a pas peur. Je le crois pas : il pleure.
Enfin, c’est le cours des choses, c’est la nature, le mal radical quoi ! C’est un ciel bleu, sans Dieu dedans.