Javier Cercas est, sans aucun doute, l'un des plus grands écrivains de ce siècle, l'un des plus stimulants pour l'esprit, et ce, quelle que soit l'histoire qu'il a entrepris de nous raconter. En l'occurrence, dans Le fou de Dieu au bout du monde, il relate le voyage du pape François en Mongolie, en 2023, auquel lui, l'athée convaincu, avait participé, ayant été sollicité, à sa plus grande surprise, par le Vatican. Pour seule condition, l'auteur avait demandé une chose : pouvoir s'entretenir seul avec le souverain pontife et ainsi lui poser la question ultime : doit-on croire en la résurrection de la chair et dans la vie éternelle ? Et la réponse, Cercas la voulait pour sa mère, qui ne doutait pas qu'elle allait bientôt retrouver là-haut son époux disparu. Évidemment, il ne s'agit pas d'un livre à suspense, mais il faut attendre la toute fin du récit pour découvrir la manière dont François réplique. Sinon, sur plus de 500 pages, le livre évoque la personnalité du pape et son histoire, ainsi que toutes les péripéties du voyage en Mongolie. Les thèmes abordés ne manquent pas, jusqu'à la question de la chrétienté en Chine, avec surtout une attention particulière au fonctionnement de l'Église et sa place dans le monde actuel. Beaucoup de dialogues, avec de multiples interlocuteurs, des proches ou des collaborateurs du pape, des missionnaires ou de simples observateurs, sont retranscrits à longueur de pages et outre le caractère redondant de certaines conversations, l'auteur ne cesse d'interroger, et de se questionner lui-même, sur des considérations théologiques ou politiques, ainsi que sur sa propre incroyance. Sans être imbuvable, Le fou de Dieu au bout du monde peut finir par lasser, comme devant un documentaire qui empoignerait tous les angles possibles de son sujet. Javier Cercas a fait le maximum pour nous intéresser à la rencontre d'un intellectuel athée avec le chef de l'Église catholique, mais en fin de compte celle-ci ne dure qu'un instant et le reste, périphérique et par endroits passionnant, aurait peut-être mérité quelques coupes pour ne pas devenir étouffe-chrétien, si l'on ose se permettre cette expression quelque peu mécréante.

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le 19 sept. 2025

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