Pour Don Miguel Ruiz, l'être humain ne connaîtrait que deux émotions fondamentales : la peur, et l'amour. Chacune, accompagnée de son cortège d'émotions secondaires, haine ou générosité, tristesse ou joie, finit par structurer la personnalité de celle ou celui qui cultiverait l'un de ces penchants. Une légende amérindienne aurait déjà perçu cette vérité première :


« Un soir, un vieil indien Cherokee raconte à son petit-fils l'histoire de la bataille intérieure qui existe chez les gens et lui dit : ‘‘mon fils, il y a une bataille entre deux loups à l'intérieur de nous tous. L'un est le Mal : c'est la colère, l'envie, la jalousie, la tristesse, le regret, l'avidité, l'arrogance, la honte, le rejet, l'infériorité, le mensonge, la fierté, la supériorité, et l'égo.
L'autre est le Bien : c'est la joie, la paix, l'amour, l'espoir, la sérénité, l'humilité, la gentillesse, la bienveillance, l'empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi''. le petit fils songea à cette histoire pendant un instant et demanda à son grand-père : ‘‘lequel des deux loups gagne ‘‘ ? le vieux Cherokee répondit simplement : ‘‘celui que tu nourris''. »


C'est dans les pas de cette idée que Luca di Fulvio inscrit le récit du jeune Christmas, son héros. Et sa mère Cetta de l'avertir de toute sa tendresse maternelle : «tu es un loup, mon amour. Et le loup qui est en toi te rendra fort et invincible quand tu seras grand. Mais comme Croc Blanc, il faut que tu écoutes la voix de l‘amour. Si tu ignores cette voix, tu deviendras comme tous les jeunes de notre quartier, ces délinquants qui ne sont pas des loups sauvages, mais juste des chiens enragés. »


Fort heureusement, Luca di Fulvio ne se contente pas d'asséner, comme le veut une pseudo théorie du développement personnel, qu'il ne tient qu'à soi de devenir celui que l'on souhaite être. Christmas ne se fabrique pas seul. Et s'il est résilient, capable de dépasser les traumatismes d'une histoire familiale terrible, c'est bien que certains tuteurs de résiliences ont été présents.


Une belle histoire d'humanité en somme, quoiqu'elle donne à voir le pire aussi.


J'ai pourtant trouvé dans ce roman des passages assez inégaux : de belles pages sur le deuil ou la reconstruction de soi (le passage concernant Ruth et son appareil photo est très réussi), mais aussi d'autres plus agaçantes (m'irritent particulièrement les auteurs qui vous disent ce qu'il faut conclure d'un dialogue, même intérieur, et di Fulvio le fait plus souvent qu'à son tour).


Une histoire qui vous attrape et vous donne envie de poursuivre, c'est juste. Mais j'ai quand même trouvé bien moins de talent à Di Fulvio, malgré l'étendue du récit, pour dresser un décor et en restituer les grandes lignes (sociologiques et politiques) que chez Ken Follett, pour prendre un auteur comparable.

Julius-Grakus
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le 21 déc. 2021

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Julius-Grakus

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