La scène s'ouvre sur une terrible épidémie de choléra dans le Sud-est de la France (Vaucluse / Alpes de Haute Provence). Cette épidémie est réelle et a frappé la France entière au début des années 1830 (principalement 1832).
Angelo : hussard piémontais dont la mère, très riche, acheta les galons de colonel pour éloigner son fils de sa terre natale où sa vie était menacée.
Angélo traverse la Provence tentant de gagner la ville de Marseille qu'il n'atteindra jamais à cause da la maladie, des barrages érigés par les comtés, villes et villages paniqués à l'idée de voir des étrangers apporter la maladie en leurs murs. Des patrouilles circulent et arrêtent les étrangers pour les enfermer en quarantaine dont personne ne sort autrement que les pieds devant. Le périple d'Angélo devient une errance zigzagante, fuyant là une patrouille, refoulé ici par un barrage.
Mais jamais Angélo n'a peur. Ni peur des autres, ni peur de la contagion. Il aide les autres, cherche à les soigner sans crainte pour sa propre vie.

Et rapidement, cette contagion nous interpelle. Elle ne correspond pas à l'idée que je me faisais d'une épidémie de choléra. Car même si le nom fait peur, le choléra est un colosse qu'on terrasse en se lavant les mains...

« La contamination est orale, d'origine fécale, par l'eau de boisson ou des aliments souillés.
Sur le plan personnel, il convient de se laver soigneusement les mains et d'éviter la serviette collective. Il faut nettoyer et désinfecter tout ce qui a été au contact avec de la matière fécale (NB : de malade ou de non-malade, il existe en effet des porteurs sains).

En ce qui concerne la nourriture, il convient d'utiliser une eau saine pour l'hygiène, la boisson et le lavage des aliments
En ce qui concerne les mesures collectives, il faut éliminer les mouches, vectrices de vibrions, et organiser l'élimination des selles afin que celles-ci ne croisent pas la chaîne alimentaire. »

Ces mouches dont Giono parle beaucoup.
On finit par se demander si le choléra n'est pas une métaphore. Giono nous donne d'ailleurs la réponse : les malades ne meurent pas du choléra mais d'égoïsme, de peur.
Et là, on lit le livre sous un autre angle. Angélo qui n'est jamais malade n'est pas un égoïste : il aide, il tente de sauver sans jamais avoir peur au contraire des autres qui claquent comme des mouches.
Et là réside une grande interrogation pour moi : sur la fin, Pauline tombe malade. Pourquoi ? Elle paraissait aussi forte qu'Angélo. Elle n'a rien d'égoïste et ne semblait pas craindre la maladie. Je ne m'attendais pas à la voir contaminée. Peut-être qu'à l'orée de sa région, elle a subitement craint de ne pas y arriver finalement. Ou n'était-elle pas aussi désintéressée que je le pensais ?
Toujours est-il que son cas ne devait pas être si grave que ça, car elle survit. Elle sera la seule qu'Angélo aura sauvée...
BibliOrnitho
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le 24 juin 2012

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