Bien que n'ayant jamais entendu parler de Stefan Zweig, je découvris ce livre sur ce site qui au premier regard m'a plu, j'ai donc décidé de le lire.
La préface du début nous apprend que ce livre d'environ une centaine de pages est la dernière oeuvre de l'auteur et de surcroît fut publié à titre posthume.
Stefan Zweig, d'origine autrichienne a quitté son pays pour les Etats-Unis en 1934 du fait de son inquiétude devant la montée du nazisme.
Ce livre découpé en 3 parties nous raconte l'histoire de deux autrichiens que tout opposent : le premier Mirko Czentovic est, à 21 ans, le champion du monde d'échecs en dépit de son ignorance sans pareil et de son ego surdimensionné car il pense être le roi du monde du fait qu'il ne connaît que les échecs et qu'il est le meilleur en cette discipline. Le second, Dr B, est un modeste homme qui n'a pas vu un échiquier depuis près de 25 ans. C'est lors de la deuxième partie de l'histoire où ce Dr B raconte son passé au narrateur, qui semble être l'auteur lui-même, que nous découvrons le réel sens de ce roman : comment la plus ignoble des tortures, la torture psychologique, peut briser l'esprit d'un homme. Enfin, c'est durant la dernière partie, lors du duel, que nous voyons la conclusion ultime de ce roman où la barbarie reprend ses droits provoquant donc la victoire de l'ignorance. C'est en ce sens là que l'on voit la dernière pensée de l'auteur résigné aux triomphes du nazisme en Europe et dont les seuls survivants à cette folie collective sont les ignorants centrés sur leur monde.
Voici donc une oeuvre pessimiste qui a toute sa légitimité même 60 ans plus tard et la défaite du nazisme qui est dans nos esprits à tous, mêmes à nous les plus jeunes.