Ces jours-ci, ma maman est en train de faire le vide dans sa bibliothèque.
Je me charge quant à moi de descendre les cartons. Dans l'un d'eux, un bouquin au format poche, avec une couverture en forme d'ombre chinoise et un titre un rallonge.
Je le prends dans mes mains, le retourne et lis la quatrième de couv'. Au-dessus de mon épaule, la voix de ma maman qui me dit que c'est pas mal, mais qu'elle doute fortement que j'aime ce type d'histoire.
Les sous-entendus du propos de ma maman ont piqué ma curiosité. Que voulait-elle dire exactement ? Qu'il n'y avait pas assez d'oestrogènes sous le masque pour apprécier une telle littérature à sa juste valeur ?
Si elle savait...
Car il n'a pas fallu plus d'une dizaine de pages pour que je me plonge dans cette histoire aux accents d'amour perdu et de deuil d'une relation si belle et touchante. Et l'on se dit que le livre de Virginie Grimaldi ne peut qu'évoluer vers un aspect feelgood assez traditionnel. Que les amoureux d'hier, si simples, si maladroits mais si attachants, ne pouvaient nous faire cela : se séparer de manière irrémédiable.
Pauline, sans Ben, semble impossible, Tout comme l'on est sûr que Ben ne peut se passer longtemps de sa Pauline.
Et puis, il y a tous ces instantanés de ce couple qui reviennent à la surface, ces éclats de rire, ces projets, cette complicité. Tout ce qui nourrit une dernière tentative de Pauline de reconquérir l'homme de sa vie et le père de son enfant.
Ainsi, chaque jour, Virginie Grimaldi plonge dans le passé et les jours heureux. Autant de petits bouts d'une vie à deux dont la délicatesse semble parfois tout droit héritée d'un morceau de Brigitte, Le Déclin, soit l'un des plus beaux sur le thème.
En parallèle, l'autrice dessine le lent chemin de l'acceptation et de la guérison, en inscrivant Pauline dans un repos forcé et une famille imparfaite. Nous faisant comprendre, aussi, ses défauts et ses faiblesses.
Et surtout, nous faisant réaliser que le livre, jusqu'ici, ne nous offrait qu'une vision partielle de cette histoire d'amour. Car oui, ces deux-là se sont trouvé et ont longtemps regardé dans la même direction. Jusqu'à ce que la vie se charge de dérégler leur horloge commune.
Le titre de ce roman, Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie n'aura jamais été aussi vrai. Car au-delà de toutes ces vignettes d'un d'un couple heureux, Virginie Grimaldi se souvient, se livre, exorcise ses douleurs. Dans un camaïeu d'émotions et de pudeur immédiatement attachant. Pour preuve, il a fallu au masqué à peine deux jours pour en dévorer les quatre-cent-neuf pages du format poche.
Maman ? T'es sure de vouloir le vendre, celui-là ?
Behind_the_Mask, ♫ Pour que tu m'aimes encore.