Je ne sais pas vous, mais moi, j’adore ces romans qui vous embarquent dès la première page, sans qu’on comprenne encore où l’on va. Le rêve de Ryôsuke de Durian Sukegawa, c’est exactement ça. Un mystère minuscule, une atmosphère étrange, et cette impression que, derrière le récit, tellement de leçons sont à portée de lecture.
Comment débute le livre ?
Dans la cafeteria d’un ferry à destination de l’archipel d’Aburi, Ryôsuke discute avec le contremaître qui l’a embauché. Ils sont bientôt rejoints par un jeune homme, Tachikawa et une jeune fille, Kaoru, eux aussi en partance pour aller faire des travaux de terrassement.
Ce que cherchent les trois jeunes gens, c’est gagner un peu d’argent, bien sûr, même si le travail s’annonce difficile et si la paie n’a rien d’extraordinaire. Mais Ryôsuke a une mission supplémentaire, trouver un homme et lui remettre un paquet.
Quand les travaux seront terminés, Ryôsuke décide de reprendre à son compte un projet inachevé, celui de son père. Ce rêve venu du passé devient le moteur de sa quête. Comment le percevrez-vous — ou l’avez-vous perçu si vous avez déjà lu le roman — comme une force de vie ou une illusion tragique ?
Qu’en ai-je pensé ?
Ce roman dégage de la sérénité. Mais cette sérénité vient du fait que les personnages ne s’attardent pas sur ce qui leur arrive, pas d’étalage de sentiments, ils passent à autre chose. Le rêve de Ryôsuke n’en reste pas moins une histoire tragique.
D’abord, il s’agit d’un roman initiatique et Ryôsuke passe par des épreuves toutes plus difficiles les unes que les autres. Beaucoup d’obstacles (qu’il se met parfois lui-même) et beaucoup d’échecs.
Ensuite, la fin ouverte m’a laissée sur une question angoissante : qu’allait-il arriver à certains personnages de l’île ? En effet, les décisions du Président tout puissant, soumises à la tradition, me font craindre le pire.
Enfin, le thème principal, notre relation avec les animaux, est traité de façon négative : non, nous ne pouvons pas vivre en paix avec eux, parce que nous devons les tuer pour survivre. Et à ce propos, et si vous deviez abattre l’animal que vous allez manger ?
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