Une fois n’est pas coutume, JCO quitte sa région natale de l’ouest de l’état de New York et place son action dans une banlieue huppée de Boston. Une petite ville bon chic bon genre dans laquelle les résidents aisés vivent une existence paisible.
Dorothea Deverell est une jeune veuve de 39 ans sans relation connue depuis la mort brutale de son époux quatorze ans plus tôt. Depuis plusieurs années déjà, elle entretient toutefois une liaison aussi solide que discrète avec Charles Carpenter, marié.
Lorsque surgit un grain de sable dans ces rouages parfaitement huilés : Colin Asch, éphèbe de 27 ans débarque comme un cheveu sur la soupe. Il s’installe chez la tante de sa mère : orphelin depuis qu’à l’âge de 12 ans il a perdu ses parents dans un dramatique accident de voiture, le jeune homme est perturbé, ultra sensible. On apprécie rapidement cet ange au visage avenant si désireux de faire quelque chose de sa vie. On s’empresse même de l’aider au mieux.
Mais ce sourire cache en réalité un psychopathe narcissique pourvu d’un très fort complexe de supériorité. Colin est un tueur en série dépourvu de remord. Après avoir tué, il entre dans « la chambre bleue », sorte d’extase qui ne dure malheureusement qu’un temps. Il rend compte de tous ces faits et gestes dans le « registre bleu » : par des messages codés afin que nul ne puisse lire ce qu’il écrit. Au cours d’un dîner donné par sa grand-tante, il tombe amoureux de Dorothea qu’il va courtiser avec une naïveté d’enfant et une maladresse touchante. Bien vite, il décide d’aplanir le terrain sous les pas de la jeune femme. Et pour cela il tue. Sans hésitation. Sans même y attacher une quelconque importance : il tue par nécessité comme on tuerait une guêpe tournant dangereusement et avec trop d’instance autour d’un être aimé et jugé sans défense. Peut-être existait-il d’autres possibilités, mais le meurtre constituait toutefois un choix comme un autre. Ni meilleur, ni pire qu’un autre.
On suit en parallèle les pas de Dorothea et ceux de Colin. Avec effarement et une vive inquiétude. Colin met le lecteur mal à l’aise par ses raisonnements qui suivent une logique bien à lui, ses décisions, ses emportements. Son enthousiasme juvénile. On le sait imprévisible et on craint pour la vie de Dorothea autour de laquelle le nœud se ressert sans que celle-ci en ait seulement conscience.
Une écriture forte, des personnages étudiés en profondeur, fouillés comme à l’accoutumé. Ces petites phrases sentencieuses en italique toujours du meilleur effet. Et une ambiance angoissante, poisseuse pour un thriller bien ficelé. Un Rosamund Smith somme toute assez différent d’un Joyce Carol Oates pur jus.
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le 24 janv. 2013

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