Ce court roman épistolaire est un vibrant cri d'amour d'une amoureuse inconnue à l'homme qu'elle aime secrètement depuis son enfance. Le style talentueux de Stefan Zweig fait passer la pilule de son lyrisme passionné et exacerbé, genre avec lequel généralement j'ai bien du mal.
Les exaltations de cette inconnue m'ont toutefois touchée. C'est l'histoire d'un éblouissement, celui d'une adolescente qui fantasme sur son beau et célèbre voisin de palier, auteur à succès, et qui soupire après un idéal, s'éprenant jusqu'au malaise d'un inconnu qu'elle croit connaître en l'observant par le judas de sa porte.
Grandie, indépendante, séduite, cette jeune ingénue se retrouvera dans une situation délicate pour l'époque : devenir fille-mère comme on disait alors, maman-solo comme on dit aujourd'hui. Vénérant l'enfant reçu comme un don insoupçonné de l'homme à qui elle a voué toute son existence et toute son âme, la belle inconnue devenue demi-mondaine pour subvenir à ses besoins et à ceux de son enfant ne pourra avoir d'autre destin qu'une issue tragique touchant au sublime.
A travers ce roman sous forme d'une longue épître, l'inconnue nous donne une belle leçon d'amour, de fidélité, de foi, de folie et de désillusion. Tous les ingrédients d'un poème éternel.