Je suis venue te lire... - Un zeste de citron
Je devais en être à peu près au tiers de Limonov quand j’ai appelé Jaja. J’ai eu l’impression de la réveiller.
- Je te réveille ?
- Non, je lis au lit.
- Tu lis quoââââ ?
- Limonov.
- Moi aussi !!!!!!
- Alors ?
- Ben je suis toujours aussi fan d’Emmanuel Carrère.
- Ah bon ? Ben moi, pas du tout… Je sais pas, là, je m’ennuie un peu.
Jaja était plus avancée que moi.
- Non non non, ne me dis rien, je n’y suis pas encore. Moi, j’adore. Il y a des phrases justes, révélatrices d’une personnalité comme : « C’est qu’il n’aime pas les cultes voués à d’autres que lui. L’admiration qu’on leur porte, il [Limonov] pense qu’on la lui vole ». Et puis il fait de lui un vrai personnage de roman, dense comme je les aime, qui a de multiples vies, tout en expliquant clairement le contexte politique. J’adoooooooooore, j’ai du mal à décrocher. D’ailleurs je vais raccrocher… (mouah ah ah ah – en vrai je ne lui ai pas dit ça, mais j’ai le sens de la formule aujourd’hui).
Donc, on a continué la lecture chacune de notre côté. J’avais l’impression, par les multiples vies d’Edouard – c’est ainsi qu’Emmanuel l’appelle bien souvent, et ce n’est pas rien – d’embrasser le monde.
J’ai beaucoup apprécié, comme toujours dans ses romans, les détours qu’Emmanuel fait par sa propre vie. Pas tant le fait qu’il ait côtoyé ou rencontré Limonov en diverses occasions, mais le partage de ses doutes, les différentes étapes qui jalonnent son travail et les mentions faites de sa mère, Hélène Carrère : « Que ma mère ait écrit un livre m’impressionnait beaucoup et j’ai tenté de le lire, mais j’ai calé dès les cinq premiers mots qui étaient : « Chacun sait que le marxisme… » Cet incipit est devenu un sujet de plaisanteries pour mes sœurs et moi : « Mais non, répétions-nous, chacun ne sait pas que le marxisme. Nous, on ne sait pas. Tu aurais pu penser à nous quand même ! »
Et patatras.
Arrivée à un certain point, je me suis essoufflée. J’avais perdu Edouard.
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