On referme Monique s'évade avec le même sentiment qu'après avoir scrollé un peu trop longtemps sur un fil d'actualité Instagram : on a liké, on a souri, mais dix minutes plus tard, il ne reste pas grand-chose.
Soyons honnêtes, mettre la moyenne (et juste un point de plus pour l'encouragement) à ce livre, c'est reconnaître qu'Édouard Louis a un talent indéniable pour l'urgence. Il sait happer. On lit ça d'une traite, parce que l'enjeu est vital : sortir sa mère de l'enfer domestique. Il y a une vraie jubilation, presque cinématographique, à voir cette femme, Monique, boire son champagne, s'acheter des fringues, et redécouvrir qu'elle a le droit d'exister. C'est le côté « feel-good » social du livre qui fonctionne plutôt bien. C'est touchant, sincèrement.
Le problème de ce 6/10, c'est le sentiment de déjà-vu. C'est là que le bât blesse. Louis semble tourner en rond dans sa propre sociologie. Il y a ce côté un peu professoral, presque agaçant, où il nous réexplique (encore) les mécanismes de la domination de classe. On a envie de lui dire : « C'est bon Édouard, on a compris le concept, montre-nous ta mère, pas tes fiches de lecture de Bourdieu ».
Le livre est aussi terriblement maigre. Pas seulement en nombre de pages, mais en densité littéraire. Ça ressemble parfois moins à un roman qu'à un long post Facebook transformé en livre pour occuper l'espace médiatique. C'est fort, mais est-ce que ça suffit pour faire de la littérature ? Pas sûr.