Nadja
6.5
Nadja

livre de André Breton (1928)

189 pages pour rien, un exploit bien réel

Ca prétend nous embarquer dans une forme de catharsis - par les déambulations urbaines, un détachement à l’égard des lieux, des objets et des passions - et ça se termine en bouffonnerie narcissique qui fait bâiller d’avance celui qui la lit.


Maître incontesté des rédactions studieuses qui endorment le public, Breton délivre son énième canular fait de diversions à toutes les pages parce qu’au fond, il n’a rien à dire. A part peut-être qu’il a parmi ses potes - Eluard, Ernst et toute la clique communiste imbue d’elle-même - beaucoup de « grands » esprits. Tout cela, toutes ces pages, sentent fort le manque de reconnaissance.


Alors bien sûr, par-delà les rues et les rades, les copains et les « artistes », s’érige une Nadja sortie d’un néant d’où elle n’aurait jamais du sortir. Mais qu’ont-ils à nous dire, elle et ses gribouillis-gribouillas ?


Rien non plus


En démagogue assumé, Breton ne recule jamais : on se souvient que dans son manifeste il recommande d’écrire vite et sans idée préconçue, dans un langage exercé, disons, sans contrôle. Raison pour laquelle sans doute il admet dans l’avant-dire (ça veut dire préface en sabir non bourgeois) avoir réécrit des pans entiers de Nadja. L’escroc.


Reconnaissons néanmoins des cohérences chez Breton, de celles qui font de Nadja un roman avec quelques réussites (surréalistes). Premièrement Breton voulait se libérer de la bourgeoise contrainte du sens. D’une certaine manière son pari est réussi. Au détriment du lecteur. Mais au fait, des lecteurs : pour quoi faire ? Deuxièmement il préconisait que l’artiste fasse abstraction du génie. Dans ce champ aussi Nadja est une incontestable réussite. Rien n’est simple.

-Valmont-
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le 6 sept. 2018

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