Sapiens
7.7
Sapiens

livre de Yuval Noah Harari (2011)

Compilation de réflexions éparses

L'ambition de Sapiens est énorme : retracer l'histoire de l'humanité pour en analyser les structures actuelles et en comprendre les évolutions futures. Autant le dire d'emblée : cette ambition est trop grande. Sapiens se lit en réalité comme un cours de culture générale romancé, une succession d'anecdotes et de réflexions certes très intéressantes en elles-mêmes, mais dont les questionnements extrêmement profonds qu'elles ouvrent ne sont résolus que superficiellement.


Le ton volontairement informel de Yuval Noah Harari et sa volonté de vulgariser certaines choses peuvent parfois excuser certains partis pris à l'emporte-pièce, notamment lorsqu'il qualifie l'agriculture de "plus grande escroquerie de l'histoire". Mais cela devient passablement agaçant lorsqu'il recours de manière récurrente à des concepts simplistes comme "ordre imaginaire" ou "religions modernes", ignorant totalement les outils déjà existants des sciences sociales. « Combien de temps pourrons-nous maintenir le mur qui sépare le département de biologie des facultés de droit et de science politique ? », se lamente-t-il. Venant de quelqu'un qui défend la soumission de toutes nos structures sociales à des considérations biologiques, ce vœu pieux n'est pas de bon augure quant à l'avenir des départements de droit et de science politique.


Dépourvu du bagage essentiel des sciences sociales, armé de ses seules convictions morales, Yuval Noah Harari écrit certaines des pages les plus insipides qu'il m'ait été donné de lire sur des sujets complexes comme le racisme, le féminisme ou les droits des animaux. En somme, lorsqu'il sort du domaine de la vulgarisation historique pour s'aventurer sur le terrain de l'analyse sociologique, il se réfugie dans ce qu'on appelle communément l'air du temps, c'est-à-dire que ses jugements ont toujours le côté très pratique de correspondre peu ou prou au consensus actuel du centriste occidental moyen habitant dans une grande ville.


Pour conclure : ne prenons pas ce livre pour ce qu'il n'est pas. Personnellement, j'avais besoin de ce cours de rattrapage sur nos origines biologiques et notre évolution vers la modernité. Si c'est tout ce qu'on attend de Sapiens, on en sera content.

Muyart
6
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le 5 juin 2020

Critique lue 149 fois

Muyart

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