Je ne pourrais pas dire dans quel article - à consonance geek je crois bien - j'ai lu pour la première (et unique) fois le nom de Pirandello, mais depuis, ce dernier ne cessait de me trotter dans la tête. Apparemment, l'Italien est reconnu pour ses interrogations sur l'identité. Le titre et le pitch de Six personnages en quête d'auteur me paraissait parfait pour découvrir le bonhomme.


Quelle fraicheur pour une pièce des années 20 ! Nous sommes en effet en plein trip postmoderne, avant l'apparition officielle du mouvement. Luigi se sert de six personnages romanesques qu'il avait tout d'abord choisi de renier pour élaborer finalement une méta-pièce de théâtre où seront interrogées les frontières entre la réalité et la fiction. Pas seulement dans un but esthétique mais aussi philosophique. En effet, le personnage fictionnel n'a d'existence qu'en tant qu'il sert un but narratif. Totalement soumis à ce sens, il acquiert plus de réalité que l'être humain versatile, perdu dans un univers chaotique où le hasard ne semble peindre que des passions fugitives. La pièce de Pirandello se dresse presque alors comme un avertissement: celui de ne pas prendre trop au sérieux la façon dont on perçoit nos existences. Ou de péter un bon coup comme on dit parfois...


La thématique, qui pourrait paraitre usée et pompeuse, s'exprime autant à travers le drame que la comédie et bénéficie de tout un tas d'idées originales de mise en scène qui nous garde de l'ennui. L'écriture est étonnamment fluide (bien qu'un peu embrouillée au tout début), rythmée, et même parfois imprévisible... Auréolée d'un parfum de fantastique, l'atmosphère de la pièce m'a conquis alors même qu'aucune histoire n'est réellement narrée ! Joli tour de force... Bon, maintenant, il ne faut pas s'attendre non plus à une totale remise en cause de votre vision du monde, hein ? La pièce de Luigi fait plutôt office de piqûre de rappel, mais une piqûre essentielle, de celles que je m'impose régulièrement pour ne pas devenir dingue...


Finalement, mon seul regret est de devoir me contenter de la lecture lorsque la représentation théâtrale elle-même doit être une expérience unique d'exploration des mystères de la création artistique.

Amrit
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le 28 mars 2016

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