Tsubame
7.9
Tsubame

livre de Aki Shimazaki ()

Coréenne émigrée au Japon, la mère de la toute jeune Jonhi Kim disparaît lors du massacre de ses compatriotes en 1923, au lendemain du séisme qui vient de dévaster la région du Kanto. Le prêtre catholique qui a recueilli l’orpheline parvient à la faire passer pour Japonaise. Devenue Mariko, elle passera sa vie à cacher ses origines étrangères au plus profond d’elle-même, jusqu’à ce que, au soir de sa vie, un autre secret resurgisse, lié cette fois à l’identité d’un père qu’elle avait toujours cru ne pas connaître.


Mariko n’est autre que la mère de Yukio, personnage principal du deuxième volet de la pentalogie. Ce retour dans le passé vient ajouter une nouvelle épaisseur aux couches de secrets qui entourent cette famille, éclairant d’un jour nouveau le récit des précédents tomes. L’on y découvre le terrible sort des zaïnichi, ces Coréens que le déclin économique de leur pays après son invasion par les Japonais a contraint à l’exil auprès de ceux-là-mêmes qui les méprisent au nom d’une persistante idéologie raciste. Objets de toutes les discriminations et persécutions, certains tentent de changer discrètement d’identité, comme Mariko, celant leur secret jusqu’auprès de leur descendance, pour lui permettre de vivre normalement dans un Japon qui ne tolère pas la double appartenance nationale et culturelle.


Comment ne pas fondre pour cette vieille dame si digne et si fragile qui se sera appliquée toute sa vie à occulter ses origines et son identité, trouvant jusqu’au bout la force de protéger son fils et ses petits-enfants pour qu’ils puissent construire librement leur vie ? Comme toujours chez Aki Shimazaki, l’émotion affleure avec la plus grande délicatesse, une extrême pudeur entourant la souffrance de personnages dont l’auteur restitue toute la profondeur avec une confondante sobriété. Quelle subtilité derrière l’apparente simplicité du récit, ciselé jusqu’à l’épure. Et quel tour de force de rendre chaque livre de la série à la fois indépendant et si complémentaire aux autres.


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Cannetille
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le 11 avr. 2021

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