Ce roman est une plongée dans le monde de l’enfance avec ses tourments, ses peurs, son imaginaire, ses angoisses, son ennui. Le narrateur est un enfant de dix ans partagé entre manque de confiance et désir d'être aimé.
Hugo Lindenberg, l'auteur, choisit de focaliser chaque chapitre (26 en l’occurrence) sur un point précis : un moment, un petit événement, une observation (ça va de la méduse au pipi au lit). Par petites touches, avec beaucoup de sensibilité, l’auteur nous dévoile les causes du mal-être de l’enfant, les monstres de son passé qui resurgissent, et même les camps de concentration des aïeux, sans compter une maman disparue. C’est ce manque d'amour qui précipite ce petit garçon vers la luminescence d’un autre garçon bien mieux doté en amour et en assurance.
Le narrateur est donc ce garçon fragile et flottant mais qui s’exprime avec le langage de l’adulte et c’est là que le roman (autobiographique ?) coince un peu.
Ou alors il faut considérer que la narration est celle d’un adulte essayant de retranscrire le ressenti de l’enfant qu’il était à dix ans. (Sauf que le narrateur parle à la première personne du singulier conjugué au présent.)
Ou alors, le « je » utilisé est celui d’un enfant de dix ans qui parle comme un adulte (et un adulte largement affranchi et doté d’une sensibilité et d’un vocabulaire de quelqu’un qui a vécu, doté d’expériences, pas celles d’un enfant de dix ans).
En voulant éviter le piège de la fausse naïveté censée être la voix d’un enfant, l’auteur nous livre une narration avec un parlé d’adulte qui fait que le personnage de dix ans n’arrive pas véritablement à s’incarner, à prendre chair.