La « machine comme moi », c'est Adam, un androïde. Il est prompt à prendre en charge les tâches ménagères, assez délicat pour écrire des haïkus et expert dans l’analyse d’un texte ou d’une équation mathématique. « Les humains comme nous » sont Charlie, qui boursicote sur internet et qui a acheté Adam, et il y a Miranda, une étudiante dont les charmes ne laissent pas insensibles Charlie… et Adam, lequel s’avère tout aussi habile à passer le balai qu’à donner du plaisir à madame… Le robot, Adam, va donc bouleverser la vie intellectuelle, sentimentale et matérielle de Charlie puis de Miranda.

Cette uchronie (puisque le roman se déroule dans une Angleterre de Thatcher qui a perdu la guerre de Malouines, où Alan Turing est toujours vivant, où les Beatles sont toujours là, tous les quatre, où la technologie en place est bien plus avancée que la nôtre en 2025, etc.) nous interroge sur l'Intelligence Artificielle et son évolution, mais aussi et peut-être surtout sur nos propres contradictions :


Nous pouvons guérir des millions de maladies mortelles. Des millions de gens vivent dans la misère alors qu'il y a de quoi les nourrir. Nous dégradons la biosphère alors que nous savons qu'elle est notre seule demeure. Nous nous menaçons les uns les autres avec des armes nucléaires tout en sachant où cela peut nous conduire. Nous adorons les créatures vivantes, mais nous autorisons une extinction massive des espèces. Et tout le reste : génocides, torture, esclavagisme, violences domestiques meurtrières, maltraitance des enfants, fusillades dans les établissements scolaires, viols, centaines d'agressions quotidiennes. Nous vivons avec ce tourment, et nous ne nous étonnons pas de réussir à trouver le bonheur malgré tout, et même l'amour.

Si des « humains comme nous » s’accommodent parfaitement de toutes ces situations et de ces travers, des « machines comme Adam » et ses alter egos, tout mécaniques qu’ils sont, eux, ne s’en accommodent pas : les uns préfèrent se suicider, d’autres se rendent stupides pour ne plus subir et voir ces compromis humains, tandis qu’Adam, lui, cherche à les corriger au nom de la vérité. Ici l’auteur mêle à la fois uchronie, satire sociale et réflexion philosophique, avec cette conclusion quelque peu définitive : nul robot ne pourra jamais comprendre pourquoi nous, humains, réussissons si bien à tout abimer et ruiner tout ce qui nous entoure.

Mais aussi ceci : nul robot ne pourra jamais comprendre pourquoi nous, humains, agissons parfois de manière à mettre de côté principes et moralité soi-disant inamovibles pour arriver à nos fins.

Ou encore cela : nul robot ne pourra jamais comprendre que la nature de l'homme ne peut pas être résumée en nature purement logique.


A la lecture de ce qui précède, on aurait pu croire que ma note sur ce roman serait élevée, et pourtant… Il y a des passages ennuyeux notamment lorsque ça discute technique. De plus, le contexte politique et économique dans lequel évoluent les personnages n’apporte pas grand-chose au final, si ce n’est quelques petites touches humoristiques (Georges Marchais président français !) ou même nostalgiques (Lennon toujours vivant, les Beatles sortant un nouvel album)… Ennui, contextualisation pas toujours justifiée, autant de défauts qui affectent la lecture.

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il y a 6 jours

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Philippe Erbs

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