L’entre-deux guerres. L’aéropostale est balbutiante. Chaque vol relève de l’exploit, les pilotes sont des héros. Rivière, le directeur basé à Buenos Aires est un de ces hommes avec lesquels il faut compter. Il est un dur à cuire, autoritaire, il entend être obéi aveuglément. Aveuglément est le mot qui convient car, s’opposant à tous, il met en place les vols de nuit. Les coucous de l’époque s’envoleront désormais dans la nuit d’encre, sans feu ni visibilité.
Et justement, Rivière est sur le tarmac de l’aéroport. On attend trois avions apportant à Buenos Aires le courrier de toute l’Amérique du Sud. Le premier arrive du Paraguay. Le second vient de Santiago du Chili. Le pilote est un peu secoué émotionnellement. Il a frôlé la mort en franchissant les Andes en pleine tourmente. Car le beau temps qui règne sur l’Argentine ne va pas durer. Un violent cyclone en provenance du Pacifique a franchi la Cordillère. L’événement est exceptionnel. Et inquiétant : bientôt, le troisième avion remontant de Patagonie se trouve cerné par la tempête, dans une obscurité totale et balayé comme un fétu de paille par des vents l’entrainant au-dessus de la mer.
La tension est palpable. La totalité du roman se déroule au cours de cette même nuit de tous les dangers. Rivière est très inquiet car la faucheuse rode. Elle n’entend pas repartir les mains vides. L’enjeu pour l’aéropostale est également crucial. Si ce zingue tombe, ce sont tous les opposants aux vols nocturnes qui lui tomberont dessus au lever du jour avec leurs « on vous l’avait bien dit ! » La marche du progrès serait compromise. L’avion doit arriver car une fois qu’une route a été ouverte, on ne peut faire autrement que de la suivre.
L’attente se prolonge. Et le lecteur, aux côtés de Rivière et de la femme du pilote, patiente. Pendant ce temps, le niveau d’essence baisse. On ne peut s’empêcher d’allumer une lumière pour guider le pilote égaré.
On se bouffe les ongles à lire ce très beau texte.
BibliOrnitho
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le 19 déc. 2013

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