Adapter 10 Things I Hate About You en série télévisée en 2009 représentait un pari ambitieux. Freeform (anciennement ABC Family) s’est attaqué à une œuvre déjà culte, connue pour son habile transposition de Shakespeare dans un contexte adolescent contemporain. Le résultat, bien que perfectible, propose une relecture pertinente et relativement équilibrée, ce qui m’amène à lui accorder la note de 7.5/10.
L’un des premiers mérites de cette adaptation est son choix de conserver les grandes lignes de la version cinématographique tout en adaptant le récit aux codes du format sériel. Là où le film s’appuyait sur une intrigue concentrée et des archétypes bien définis, la série prend le temps de développer ses personnages et de diversifier ses sous-intrigues, offrant ainsi une richesse narrative plus étendue.
Le personnage de Kat Stratford (Lindsey Shaw) reste la pierre angulaire de l’ensemble : son engagement féministe, son intelligence acerbe et son refus des conventions restent intacts, mais trouvent ici plus d’espace pour évoluer sur plusieurs épisodes. De son côté, Bianca (Meaghan Martin) bénéficie également d’un traitement plus nuancé, laissant entrevoir ses contradictions et sa quête d’identité au-delà du simple cliché de la « popular girl ».
La série aborde des thèmes classiques du teen drama : la pression sociale, les relations fraternelles, les attentes parentales, les premières amours. Là où elle se distingue quelque peu, c’est dans sa capacité à injecter de la réflexion, notamment sur les rapports de genre, sans sombrer dans la moralisation lourde. Les dialogues évitent souvent la caricature et permettent aux personnages de porter des débats crédibles pour un public adolescent contemporain.
Néanmoins, la volonté de rester accessible à un public familial contraint parfois l’écriture à une certaine superficialité. Certaines problématiques sont amorcées sans être véritablement approfondies. Par exemple, les dilemmes identitaires ou les tensions sociales ne sont qu'effleurés, là où un traitement plus audacieux aurait permis d’enrichir la portée émotionnelle et sociétale de la série.
En termes de structure narrative, la série parvient globalement à maintenir un rythme efficace. Les épisodes s’enchaînent de manière fluide, alternant moments de comédie légère et instants de sincérité émotionnelle. Toutefois, quelques épisodes souffrent d’un certain déséquilibre, avec des intrigues secondaires parfois anecdotiques qui n’apportent qu’une valeur ajoutée limitée à l’ensemble.
Sur le plan visuel, la réalisation reste sobre et conforme aux standards de l’époque et du genre. Si l’esthétique n’a rien de particulièrement marquant, elle remplit néanmoins son office sans faiblesse notable.
Le casting constitue l’un des éléments les plus solides de cette adaptation. Lindsey Shaw livre une performance convaincante, capturant bien la complexité de Kat. Meaghan Martin surprend agréablement en conférant à Bianca une vulnérabilité et une profondeur inattendues. En revanche, certains rôles secondaires manquent de densité et peinent à sortir de la caricature, nuisant légèrement à l’équilibre global du récit.
En définitive, 10 Things I Hate About You (2009) réussit une adaptation globalement pertinente et respectueuse du matériau d’origine. Elle propose une réflexion intéressante sur les dynamiques adolescentes et parvient à moderniser son récit avec tact. Cependant, le choix de rester dans une zone de confort l’empêche parfois d’explorer pleinement son potentiel. D’où cette note de 7.5/10 : une série agréable et bien réalisée, qui aurait pu prétendre à davantage avec un traitement thématique plus audacieux.