Entretien avec un monstre

Tout d'abord, je voudrais faire part de mon énorme admiration et respect pour l'équipe derrière ce bijou de série. Enfin, je dirais même plutôt documentaire, voire carrément travail d'investigation, car à travers une série d'interviews (interrogatoires ?), Jarecki et Smerling réussissent là où la justice avait toujours bloqué.

Vu la date à laquelle on est, je me permets de mettre des "spoilers", moi-même mettant spoilé en googlant ce fameux Robert Durst et ce qui n'a rien enlevé à l'intérêt de la série. En effet, je lance le premier épisode en ne connaissant absolument rien, sans même lire le synopsis, et n'ayant absolument jamais entendu parler de ces affaires avant. Mais l'entourage du type (fils d'un des grands magnats de l'immobilier de New-York, multimillionnaire Seymour Durst) et la personnalité bien attypique de ce "Bob" Durst me pousse direct à suivre ça de très près.

A partir de là, moi je n'ai vu que des accablements quant à sa participation dans ces meurtres. Je ne vais pas tout raconter, la série le fait très bien, mais sans déconner, le type a le profil standard, dès le départ. Et pourtant il aura passé une très grande partie de sa vie libre.
J'ai entendu plusieurs fois dans la série que c'était un homme très intelligent. Bah putain, entre le fait qu'il change ses versions de l'histoire une bonne dizaine de fois quant à la disparition de sa femme, qu'il se fait choper comme un bleu à voler un sandwich alors qu'il était en cavale, qu'il oublie de faire couler des putains de sacs poubelles contenant des membres humains et tout simplement sa personnalité très versatile, je vois pas trop comment on peut être berné par lui... A moins d'avoir extrêmement d'argent, de pouvoir s'offrir les services des meilleurs avocats et de disposer du jury le plus bête de l'histoire de l'Amérique ! (La séquence du jugement de 2001, après son arrestation pour le meurtre d'un homme est affligeante... Je ne trouve pas d'autres mots.)

Parlons-en des avocats, c'est quand même dingue les révélations qu'ils font. Ils admettent ouvertement être des purs avocats du diable, de purs salauds. Aucun amour de la justice et de la vérité ici, pas comme ce shérif de Galveston par exemple, très émouvant, qui dit qu'il n'a jamais cessé de croire en la culpabilité de Durst, et s'effondrant parce qu'il a échoué...

Donc merci pour ces gens là, pour tous les proches de toutes ces victimes.
La famille et les amies de Kathleen McCormack, qui se sont investies jusqu'à enquêter elles-mêmes là où parfois la police n'a même pas fait son travail (bah tiens).
Les proches de Susan Berman, avec cette séquence aussi particulièrement troublante où son beau-fils, réalise qu'il s'est fait trompé depuis des années et livre la clef ultime... Putain...
Ou encore Morris Black, qui même s'il était "solitaire", "grognon", sans famille etc mérite lui aussi un hommage et le respect.
Leur apporter la vérité, c'est un travail, c'est une oeuvre qui va au delà du culturel, d'une bonne série ou je n'sais quoi. Une grande claque dans la gueule !

PS : Pourri en enfer, Robert Durst. Et ta famille, qui savent et te protège (bon, ils t'ont un peu renié quand même, parce que faut dire que t'es bien con aussi), qu'ils subissent le même sort.
Ah, et si t'avais pas été narcissique à vouloir te mettre en avant comme ça, probablement que t'aurais jamais eu d'histoires et t'aurais pu finir ta vie de connard tranquillement. Comme quoi, tu peux t'en vouloir qu'a toi-même, et ça c'est jouissif.