On connaissait le style très posé et très lent de Hawley qui n'a jamais empêché la qualité (si ce n'est peut-être quelques baisses de régime dans Fargo une fois ou deux).
Ce serait lent, on le savait d'avance, parfois très lent. So what ? C'était pas supposé être du pop-corn ou du bonbon pétillant.
La série est intéressante, très bien filmée, presque aussi classe que Scott visuellement et pleine de refs à Blade Runner - Timothy Oliphant en ersatz de Roy Batty - plutôt cool même si on reste loin de Hauer.
Mais globalement ça ne marche pas même si c'est plaisant à suivre, malgré tout.
La série tente plein de trucs et en réussit beaucoup mais en rate hélas presque autant ce qui défonce la suspension de notre incrédulité, laquelle est à bloc, hélas.
Et ça, déjà, ça gâche beaucoup.
Hawley fait 2 choses qu'il ne faut surtout pas faire avec Alien :
1- Le regard des héros au travers de qui on voit l'histoire qui sont des espèces de gamins vraiment idiots interprétés par des adultes qui jouent à Areuh Areuh tout du long. Non ! Non. Fallait surtout pas faire ça ! L'idée n'est pas mauvaise en soi. C'est un gageure pour un comédien de talent, on le distingue lors de quelques moments, mais étendue à six comédiens médiocres ou mal dirigés (coucou second épisode), on aboutit forcément à une catastrophe.
Vraiment, la direction d'acteur passe tout juste dans l'ep 1, les comédiens font de gros efforts pour être crédibles en gamins exagérés, mais dans le 2, la réalisatrice, Mme Gonzales n'y arrive pas et ça devient vite très gênant. (ça m'a fait penser parfois à Wasabi de Gérard Krawczyk à certains moments, c'est dire le niveau.)
2 - Tous les persos principaux sont des robots non-comestibles du coup on n'a jamais peur pour eux. On se dit que déjà les aliens ne s'intéressent pas à eux, et puis que même s'ils se font couper en 2 ça ne fera que les faire pisser de rire (tout blanc) et en plus, ils se pognent des aliens à la mano au besoin, eux-mêmes, sans flipper, et attendez ! ils disposent même d'un fusil laser spécial qui paralyse instantanément les combattants aliens les plus dangereux !!!? Instant Stun ! Ça démystifie totalement notre Xénomorphe aussi adoré que redouté.
Là, on ne le redoute pas, il passe dans le fond et perpètre quelques tueries de masses cocasses tandis qu'un comédien pétrifié fixe la caméra au premier plan. On se croirait un peu à un spectacle de Guignol au jardin du Luxembourg. "Et il est où le Xénomorphe, les enfants ? Vous l'avez vu, vous ?? Moi, je le vois pas ! - Derrière toi, Guignol !"
Côté écriture des dialogues, l'espèce d'étrange candeur qui faisait merveille dans Fargo (à cause du style décalé) et dans Légion (parce que les héros sont des aliénés mentaux) ne fonctionne pas ici et on dirait plutôt que Hawley n'arrive pas à écrire des dialogues graves et émotionnellement impliqués, ça tourne toujours à la farce un peu gênante et Alien n'est pas le lieu pour ça parce qu'on sent que le but n'est pas de faire rire ni sourire. Quoique la fête des marquis et autre "Qu'est ce que je cache dans mon gros sac ?" se veulent drolatiques mais ne s'intègrent pas dans l'esprit du truc et rappellent le côté Luc Besson infantile de certaines blagounettes potaches de Jeunet dans son Alien 4 qui ont, hélas pour lui, laissé au public un sale arrière goût à son film pourtant réussi.
Pour finir, les scènes d'horreur m'ont plutôt fait penser à du gore organique baroque à la Cronenberg (créatif et burlesque, presque rigolo) qu'au délire viscéral et malaisant de Scott qui, lui, ne faisait qu'exacerber des fonctions organiques "normales" (celles qu'on a tous connues dans l'intimité de notre salle de bains et dont on pouvait parfois être légèrement dégoûté.e) et il n'abusait pas du slime, des fausses toiles d'araignée en bombe ou de la lotion capillaire gluante. Tout ça fait quand même un peu kitsch.
En conclusion, pour ce qui est des émotions attendues, j'en resterai à mon Godzilla VS Megaguirus (2000) et à la sublime série Raised By Wolves.