Je nourrissais quelques espoirs dans cette série compte tenu de son format long pouvant approfondir la mythologie Alien, notamment des films de Ridley Scott, sachant que nous n’aurons sans doute jamais de suite à Covenant, l’action se situant chronologiquement quelques années avant le film de 1979 pour faire ce pont. Et il n’en est rien. Tous les thèmes abordés, comme l’androïde qui s’émancipe de sa condition, les compagnies sournoises, ou l’intérêt de tirer profit d’une entité extraterrestre belliqueuse, sonnent comme déjà-vu et n’apportent rien au schmilblick, Noah Hawley semble s’être approprié le fruit de la saga pour en faire quelque chose d’ «audacieux» mais qui ne colle à aucun moment, où en réalité se retrouve le cul entre deux chaises pour contenter les fans et apporter de la «fraicheur» (le lot des séries Disney, comme pour Star Wars).
J’en veux pour preuve la première scène du premier épisode qui copie trait pour trait l’esthétique du Nostromo de Alien et les plans de Scott pour très vite virer dans des caractérisations et dialogues indigents, pointant des interrogations sur l’équipage et les créatures qu’ils transportent sur Terre, où des éléments de réponse ne serrons donnés que dans l’épisode flashback placé aléatoirement au milieu de la saison, confirmant la faiblesse d’écriture et de ton de la série. Ce qui concerne les androïdes est à la fois surexploité et inepte, sur le papier ça promet d’explorer une certaine profondeur sur le transhumanisme avec ces enfants dans le corps synthétique d’adultes ou l’homme boosté par une conscience artificielle, mais en l’état ça ne va jamais bien loin, le scénariste plaçant les enjeux ailleurs. Je ne vais pas tous les lister tant ils sont inintéressants, mais on est typiquement dans le format série classique construite pour analystes YouTube, tellement désuet, j’attirerais davantage l’attention sur la mise en scène globale d’une faiblesse assez alarmante pour un tel budget, à presque aucun moment la série ne nous prend au sérieux ou ambitionne de nous transporter à minima au delà de son format télévisuel, c’est tellement cheap qu’on lâche l’affaire au bout d’un temps.
Mais le scandale de Alien Earth est ce qu’il fait du xénomorphe, le destituant de toute sa dangerosité tétanisante, sa stature de l’ombre quasi hors champ, pour carrément aller jusqu’à le domestiquer en le surexposant à la jungle des derniers épisodes, le danger est là sans être là, puis on rajoute une pieuvre oculaire et d'autres monstres dont au final on ne sait pas vraiment d’où ils viennent et comment ils ont été capturés, ce qui fait qu’on s’en fout et qu’on ne croit à rien. Et inutile aussi de parler des personnages de la série tant ce sont des caricatures sur pattes, notamment le jeune patron de la multinationale concurrente de Weyland-Yutani, d’une lourdeur infinie, ou de Wendy (le thème Peter Pan ultra pas subtil tout du long aussi) en androïde Mary-Su cheatée qui claque sa langue pour appeler son alter-xéno, ceux de Morrow et Kirsh sortent peut-être du lot pour leur ambiguïté (enfin pas de quoi de réveiller la nuit), et autant ça pouvait mener d'une manière crédule à quelque chose sur la première partie de la série qu’ensuite c’est la BÉRÉZINA scénaristique (!) accompagnée de son flot quasi ininterrompu d'invraisemblances, vraiment à se cacher sous la table.
Et puis c’est quoi ces musiques hors-sujet ? J’aime bien le rock ou la pop mais ça n’a rien à faire dans une série Alien, où l’enveloppe sonore a tout de même son importance, ça participe à décrédibiliser l’ambiance et le ton du projet, ou dans le cas de Hawley prendre une liberté malhabile, symbole de sa proposition antinomique alors qu’il se réapproprie tout un lore dont il n’est pas le signataire. Disney s’emploie encore une fois à saccager un univers en aseptisant son caractère violent et subversif, pour en plus, comble de l’ironie, déployer une satire consciente des multinationales, comme si le studio de la souris aux grandes oreilles était une petite prod aux velléités philanthropiques, sincèrement je mets au défi quiconque d’affirmer que c’est tout du moins correct ou que ça «fait le taf», non, c’est du foutage de gueule et une insulte à l’intelligence du spectateur. D’ailleurs l’épilogue nous laisse sur un énième cliffhanger appelant à une deuxième saison, d’ores et déjà dans les clous, mais inutile d’aller plus loin, Alien Earth n’est ni fait ni à faire.