Il en aura fallu de la patience depuis 2012 et le rachat de Lucasfilms par Disney, pour avoir enfin une œuvre qui non seulement tient la route, mais qui surtout aille au-delà de mes attentes ! Car en déjà plus d'une décennie, l'univers Star Wars, chère à plusieurs générations, m'aura surtout déçu. Une nouvelle trilogie inintéressante avec un fan service trop voyant et pas assumé ; plusieurs séries soit inutile (Bobba Fett) soit inégale dans bien des domaines (Mandalorian) soit juste assez intéressante pour me faire plaisir même si en étant honnête, je me rends compte que je suis victime du fan service (Obi-Wan). Bref, vous avez compris, je ne vais pas épiloguer sur chaque production, je ne suis pas maître de conférence !
Mais, dans cette dangereuse et obscure nébuleuse, un espoir lointain brille. Rogue One. Ce film est la seule bonne surprise parmi toutes les sorties Star Wars. Il a bien entendu ses défauts, mais rien qui me fasse hurler, à l'inverse des premières lignes du générique de SW9 (vous n'imaginez pas le calvaire que j'ai subi).
Pourtant quand la série Andor a été annoncée, ça m'en a touché une sans secouer l'autre. Je n'avais aucune attente particulière, car son personnage principal, Cassian Andor, ne m'avait pas tellement marqué dans Rogue One. Je lui avais préféré les personnages secondaires et les impériaux, éprouvant une certaine neutralité en ce qui le concerne. La curiosité est là, sans la hype.
La surprise fut alors totale ! Enfin un développement d'univers avec de l'imagination, des enjeux et une histoire ! De s'éloigner des jedis, des siths et de toutes la mythologie autour, à l'image de Rogue One, était l'une des meilleures idées à exploiter. Car on ne peut pas simplement résumer Star Wars à des personnages fantastiques et à leurs pouvoirs. Dans un tel univers, les possibilités sont presque infinies. Faire une série d'espionnage sur fond politique, prenant le temps de construire ses personnages fait du bien. Il y a un peu de complexité à l'écriture des personnages. Certains sont presque des anti-héros à commencer par Cassian qui au début ne pense qu'à ses propres motivations et à son cercle intime, mais aussi Luthen prêt à prendre des décisions extrêmes au point de "renoncer à l'espoir de connaître la paix". Tandis que du côté de l'empire, là aussi, il ne s'agit pas de simples méchants aux rêves de domination. Les impériaux eux-mêmes ont un parcours à travers cette histoire, jusqu'à établir une relation amoureuse entre deux psychopathes, pour les suivre s'enfoncer dans une forme de fanatisme de l'empire (et non pas du pouvoir) et finalement en devenir également les victimes. Stop au manichéisme et bonjour à la nuance !
Les deux saisons me semblent plutôt égales en termes de qualité. Les seuls gros points négatifs qui me viennent en tête sont la rapidement évoquée quête de Cassian (durant la saison un) pour retrouver sa petite sœur, pour simplement suggérer au dernier épisode de la saison deux qu'elle serait Kleya (l'assistante de Luthen) ; puis les premiers épisodes de la saison deux durant lesquels il se perd avec une bande d'idiots se querellant à Shifumi, rendant la quête d'anonymat de ses amis sur une autre planète beaucoup plus intéressante notamment en ce qui concerne le personnage de Bix.
L'importante différence entre cette série et le reste de l'univers, et qui à mon sens aide à rendre le récit plus intéressant, réside dans sa capacité à le relocaliser à de plus petites échelles. Parfois géographique, mais aussi humaine ! Oui, tout cela se passe dans une galaxie entière, mais la vie de ses habitants nous ressemble, notamment dans leur quotidien. La vie sur Ferrix ou alors sur Mina-Rau, est dépeinte de manière très humaine, presque sociale. On y voit comment les classes populaires/ouvrières survivent sans faire de vagues, soumises à un régime fasciste autoritaire dont les représentants s'abaissent aux pires actes. On parle de viol dans une série produite par Disney, rien que ça ! Le mot est dit, pas juste suggéré et laissé à une libre interprétation ! Les libertés individuelles sont supprimées et la prison vous accueil pour avoir couru au mauvais endroit au mauvais moment. La manipulation des masses, des populations et des esprits est totale ! La propagande est sans limite, pour justifier la purge de toute une population civile. D'ailleurs l'idée de représenter la population résistante de Ghorman avec autant d'influence française dans l'architecture, la mode vestimentaire et l'accent de leur langue, sans vouloir verser dans le chauvinisme, est plutôt bonne.
Andor n'est pas un simple prélude à Rogue One, mais un véritable développement de personnages sur ce qui les conduit à poser les dernières briques de l'alliance rebelle, sur les méthodes d'asservissement. Tout en réussissant à s'inscrire dans la saga principale, là où les productions précédentes ont échoué. On pourrait y voir un énième discours social sur la lutte des classes et la politique, mais force est de constater que le job est réussi.