Critique sans spoiler. De toute façon, y'a rien à spoiler.
C'est joli, en arrêt sur image. Et c'est tout.
Oui, oui : la seule qualité, c'est l'image. À condition de mettre sur pause. Car l'animation est d'une pauvreté abyssale. Même pas foutu d'animer les brins d'herbe... Là où les films d'animations à budget moyen des années 2010 le faisaient déjà...
L'album original (de 1966) a un côté tragi-comique qui ne ressort absolument pas ici. Ce n'est pas drôle, malgré les tentatives de modernisation l'humour. "Homard et fraise"... sérieusement !? On frôle le niveau du JUL de Vincent Cassel dans le dernier navet en live action… Quant à la blague de fin… si mal amenée… Rassurez-vous, ce n'est pas tragique non plus. Qui a eu, devant son écran, un seul moment de frisson pour nos amis Gaulois ?
Alors attention, je ne dis pas qu'on ne sourit jamais. Il y a bien deux ou trois scènes vaguement amusantes. Mais ça s’arrête là. Et c’est d’autant plus rageant qu’on parle d’Alain Chabat ! Le mec derrière Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre ! On ne parle pas d’un Nul… Enfin si, justement !
Le dessin animé Astérix et le coup du mehnir, réalisé en 1989 (oui oui !!! 1989 !) qui mixait les albums Le Combat des Chefs et Le Devin faisait bien mieux. Les scènes montrant la folie de Panoramix y étaient à la fois très drôles et touchantes. On se demandait vraiment comment tout cela allait bien pouvoir finir pour notre village gaulois qui ne s'était jamais trouvé dans une situation aussi critique. Ici ? Rien de tout ça. On s'en fout. On sait que ça sera du happy end sans queue ni tête et sans le moindre semblant de montagne russe émotionnelle. Un électrocardiogramme et un encéphalogramme, tous les deux plats. Même ce pauvre romain perdu en 1989, planqué dans son arbre accompagné de son enquiquineur de petit hibou... contraint de goûter la potion magique... faisait autant rire l'enfant que j'étais qu'il lui inspirait pitié.
Et la musique ? On avait été assez nombreux à l'époque d'Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre à regretter que Chabat n'ait pas osé faire une nouvelle version du Pudding à l'arsenic. Et bien ici non plus, il n'aura pris aucun risque. La musique est bien plus présente et, forcément, bien meilleure dans le dessin animé de 1989 ! Si si, allez voir. Les musiques vous resteront dans la tête malgré leur production totalement désuète. Après avoir subi les 5 épisodes de cette série, quelle musique vous restera dans la tête ? Réponse : aucune. Bordel !!! Alors que, Alain !!!, tu as prévu une parodie de la musique iconique de l'attraction Disney It's a small world !!! Quand on a une telle idée, on y met le budget ! On paie des mecs pour en refaire une super orchestration parodique ! Mais pas ça ! Non ! Pas ce truc oubliable alors même que ça chante encore !!!
Passons aux voix... À force de bercer dans le copinage, on flingue même ce domaine où la France excelle sans contestation possible : le doublage ! Alors que Chabat veuille jouer Astérix... passe encore. Mais Gilles Lelouche en Obélix !? ... Bon sang ! Ok, il a le physique "bonhomme", ce qui a peut-être convaincu Canet pour son film (le public par contre)... mais dans un dessin animé, c'est la voix que l'on veut "bonhomme", et pas de n'importe quelle manière. La voix d'Obélix c'est celle du bon gros timide tel qu'imaginé par Goscinny et Uderzo ! En ça, Depardieu était plus que correct (ah... on me dit dans l'oreillette qu'il est maintenant persona non grata, j'ignorais, pardon).
Idem pour la voix de Panoramix... Sans déconner. 0 effort là non plus de la part de Thierry Lhermitte pour vieillir sa voix (en même temps, on pouvait s'y attendre de cet acteur passé maître du moindre effort...). Si ces gens ne veulent pas doubler en se mettant dans la peau des personnages qu'ils sont censés incarner, qu'ils refusent le doublage ! C'est un métier, comédien de doublage, hein ! Sur les trois personnages principaux, déjà deux voix foirées et une à peine passable. Comment passer un bon moment avec ça ? Quelle tristesse... Les voix de Roger Carel, Pierre Tornade et Henri Labussière m'ont manqué tout du long...
Et enfin... le format. On en parle du format ? Chaque épisode dure littéralement 35 minutes dont 10 minutes de générique. Oui, oui ! 30% du temps est consacré au générique à chaque fois... 5 épisodes × 25 min = 125 minutes d'animation. Soit un tout petit peu plus de 2 heures. Sachant que de nombreuses scènes trainent en longueur pour ne rien raconter... Pourquoi ne pas avoir fait un simple film d'animation !? Ou, à la rigueur, un format 2 * 60 minutes. Ce format de 25 minutes par épisode est totalement indéfendable. C'est un contresens total. Sauf à vouloir épargner aux incontinents la douleur d'avoir à mettre sur pause pendant que le reste de la famille voudrait regarder ? Mais t'inquiète Alain, même l'incontinent aurait supporter de rater 10 minutes de ce gâchis.
Ou alors... c'est de la compassion de ta part. Tu t'es dit que, comme ça, au bout du 2e épisode, les gens pourraient choisir de s'arrêter là sans avoir l'impression d'être "sorti en plein milieu du film". Sympa !
Bref, soyez rassurés. Vous ne souffrirez pas plus devant cette série que devant une assiette de nouilles de riz nature. C'est juste que ni la consistance, ni le goût ne vous manqueront. Une heure après le visionnage, vous aurez déjà tout oublié.
Edit.
Ah ! Et si vous pensez que ma critique est exagérée, juste après avoir regardé cette série, regardez le film de 1989. Et, devant la scène pré-finale et sa musique... s'attardant sur ce gentil Romain et son inséparable nouvel ami, s'envolant vers la liberté, la vraie, sur le thème du film si justement ré-orchestré... vibrez !