Y a-t-il un (bon) flic dans le commissariat ?

Marre des Experts Miami, de David Caruso qui prend continuellement la pose avec ses lunettes ? Lassé de New York Section criminelle et de Vincent d'Onofrio qui brise moralement ses suspects ? Blasé par les méthodes de Columbo pour coincer des coupables qu’on connait déjà ? Horripilé par NYPD Blue et de l'ami Sipowicz qui passe son temps à engueuler les truands ?

Enfin, dégouté de tous ces reportages tardifs type Enquête d'action qui nous présentent sous un jour palpitant le travail de nos amis les représentants de l'ordre ?

Si c'est le cas, et que vous cherchez désespérément des flics plus marrants à aimer, regardez donc Brooklyn Nine-Nine.

Vous y rencontrerez Jake Perralta, l'inspecteur surdoué, frimeur et complètement immature, Charles Boyle, l'équipier raffiné et maladroit, Amy Santiago, la fayote de l'équipe, désespérément en quête de reconnaissance, Rosa Diaz la sociopathe misanthrope (pléonasme), Terry Jeffords le sergent/papa gâteau bodybuildé et adepte des yaourts, le binôme Scully/Hitchcock, les deux plus mauvais flics de l'histoire, Gina Linetti, la secrétaire fantasque et narcissique, et enfin Raymond Holt, le capitaine charismatique, si peu expressif qu'on n'arrive jamais à déterminer s'il sourit ou s'il fait la gueule.

Toute cette charmante équipe coincera des truands en tous genre, se coltinera plusieurs supérieurs incompétents, nous rejouera Die Hard dans un supermarché, donnera le meilleur de chacun lors du défi annuel de Halloween.

L'amitié est au centre de cette sitcom sans boite à rires inutile, et les gags les plus drôles sont au rendez-vous, entre un capitaine au sérieux imperturbable qui pratique secrètement le hula hoop, un detective déluré devenant pote avec le génial "voleur de Pontiacs" qui ne cesse de lui échapper, et l'arrivée tardive d’Adrian Pimento, un flic infiltré tellement badass et cinglé que même Jack Bauer passerait pour une petite fleur fragile à côté de lui.

Un café tellement fort qu'il ralentit la perception du temps...

Un amnésique qui note ses memos (ou plutôt sa liste de courses) sur son corps et n'a pourtant jamais vu Memento...

Un paternel tellement maladroit qu'il se sectionne toujours un pouce au moment de couper la dinde aux Thanksgivings...

Un conservateur et érudit placé sous protection des témoins et obligé par son garde du corps de se farcir toute la filmographie de Nic Cage (j'ai bien dit "toute")...

Un héros emprisonné par erreur et qui se lie d'amitié avec un tueur cannibale à l'air vraiment super sympa...

Vous rierez aux pitreries de Peralta, aux obsessions de performance d'Amy, aux vannes de Gina, à la débilité de Hitchcock et Scully, aux tendances psychopathes de Rosa et Pimento, à la méchanceté crasse du Vautour et aux considérations flegmatiques de Holt et de son mari, le très snob Kevin Cozner.

D'autant plus que des guests comme Eric Roberts, Eva Longoria, Dennis Haysbert, Lou Diamond Philips, J.K. Simmons, Ed Helms, Reginald Veljohnson, Garrett Dillahunt, Craig Robinson et bien d’autres sont de la partie.

Dommage que cette sitcom hilarante se soit conclue sur une huitième saison écourtée, endeuillée par la mort de George Floyd, et honteuse d'une police américaine se montrant toujours plus raciste, abusive et discriminatoire. Mais la réalité est ce qu'elle est et l'humour ne suffit pas toujours à occulter la bêtise et l'horreur.

Quoiqu'il en soit, Brooklyn Nine-Nine s'impose comme un monument de drôlerie, très proche des modèles que sont Malcolm, Arrested Development et Scrubs.

Donc soyez sûr que si vous ne riez pas devant ce déluge de scènes hilarantes, la police, elle, ne pourra plus rien faire pour vous.