La dernière fois que je me suis pris une claque télévisuelle de cette ampleur remonte probablement à la première saison de True Detective. Le format de Chernobyl est peu conventionnel, il se situe entre le long téléfilm et la saison ordinaire, pourtant il est parfait. Et après un minimum de recherches de ma part sur le sujet j’affirme confortablement que la série brasse tous les angles cruciaux du sujet au travers de 5 épisodes d’une heure chacun.
Il est toujours délicat et bancal d’aborder un sujet réel sans basculer dans l’énonciation pure ou la plus pure romantisation. Entre la platitude scolaire de Bohemian Rhapsody et l’hollywoodisation de Imitation Game reposent pêle mêle une quantité astronomique d’oeuvres de qualité cinématographique pauvre dont on ne retiendra que les informations brutes (qu’il convient de vérifier par la suite). Chernobyl ne rentre pas dans ces deux extrêmes puisqu’il réussit l’exploit de garder un angle d’attaque au sein de ses quelques 6 à 8 intrigues entremêlées qui visent toutes à mêttre en exhergue le problème fondamental que relève le désastre de la centrale de Tchernobyl. Sans vous révéler cette problématique je signale simplement que l’angle choisi n’est pas la dénonciation manichéenne ou démagogique de l’exploitation de l’énergie nucléaire. Ce qui est à la fois courageux (à mon avis judicieux) et premet d’ouvrir un écueuil vers des réflexions importantes et contemporaines.
Ce fond que je décris d’une intelligence rare est soutenu par une forme qui ne la dénigre nullement. Les exercices de style flamboyants, faciles pour romantiser une telle catastrophe, sont utilisés avec une modestie rare. On retiendra :
La scène où les travailleurs nettoient le graphite sur le toit. L’ouvrier qui n’a que 90 secondes pour faire son travail est filmé sur un plan séquence caméra à l’épaule. Une forme appuyant le fond, elle permet de nous ancrer parfaitement dans l’angoisse absolue et si brève de son travail. Les « 90 secondes les plus importantes de sa vie » sont filmées d’une traite dans le silence et la précipitation. Juste parfait, à l’image de toutes les séquences de la série.
Du sound design au choix des couleurs à la rythmique, l’ensemble est designé pour être haletant, anxiogène et bourré de sens. Tout ceci pour raconter cet événement majeur du siècle dernier et ses ramifications politiques et sanitaires.
Une histoire importante mise en scène de la meilleure des façons dans un format parfaitement adapté. Il n’y a aucune raison de ne pas vivre Chernobyl.