Tracey Gordon, 24 ans, vierge, chrétienne hardcore, fangirl de Beyoncé, vit dans un HLM avec sa mère pentecôtiste flippante, une sœur aussi excitante qu’une notice Ikea et une libido en mode detonation imminente. Et un jour, elle pète un câble. Elle veut baiser. Elle veut comprendre. Elle veut kiffer. Elle veut briser le 4e mur.
Quand la sexualité sort du confessionnal
Chewing Gum, c’est pas juste une série. C’est un attentat sexuel contre les stéréotypes. Tracey veut perdre sa virginité, pas son humanité. Et dans ce monde où les femmes noires sont soit des mères courage soit des panthères sexuelles, Michaela Coel crée une héroïne vierge, puérile, mal sapée, incohérente, ultra-cringe… donc révolutionnaire.
Quand Dieu devient un ex relou
La mère de Tracey, c’est l’Église version 220V. Tout est péché sauf souffrir. Mais Tracey, elle, elle a Beyoncé comme Sainte Vierge de rechange, et une libido qui crie plus fort que les Psaumes. La série joue à fond le contraste entre l’extase religieuse et l’extase sexuelle.
Et franchement, la deuxième gagne à tous les coups. Dieu t’observe ? Tant pis.
Tracey twerke everywhere.
Une belle réussite pour le petit écran
Michaela Coel fait exploser le cadre : pas de glam, pas d’érotisme à la HBO, juste des corps réels, de la gêne, des règles, des pulsions et des fuites de cerveau dans les chiottes du patriarcat. Tracey veut du désir. Mais pas celui qu’on lui prescrit. C’est une Antigone en Air Max. Elle veut jouir, mais pas servir. Elle veut comprendre la vie sans la subir. Et surtout : elle veut sortir du rôle. Elle est l’héroïne d’une tragédie sociale qui a décidé d’en faire une comédie. Et elle nous tend le miroir : « qu’est-ce que tu fais de ton propre carcan, baby ? ».
CONCLUSION : Si tu penses que le féminisme doit être sérieux pour être crédible, mate Chewing Gum. Si tu veux comprendre ce que veut dire être une meuf noire, pauvre, croyante et en chaleur dans un monde qui t’offre que du mépris ou des clichés : mate Chewing Gum. Si t’as juste envie de voir une meuf se prendre des bides amoureux à la chaîne et se relever avec la grâce d’un chat de gouttière : mate Chewing Gum.
VERDICT : 8/10. Pas pour la perfection. Pour l’insolence.