Note personnelle : 7.5/10
Ce qui distingue Clair de lune de la majorité des séries de son époque – et, d’une certaine manière, de beaucoup d’œuvres actuelles – c’est son audace formelle et son esprit joueur. Elle ne se contente pas de raconter une histoire : elle la commente, la détourne, la déconstruit.
L’équilibre fragile entre comédie romantique et polar permet à la série d’oser des changements de registre constants. Un épisode peut débuter comme une enquête classique et bifurquer vers le vaudeville ou la fable absurde. Cette liberté est rare et donne à la série une texture presque théâtrale.
Plus encore, la série se permet de briser le quatrième mur avec une désinvolture réjouissante. Les personnages interpellent parfois le spectateur ou font référence aux producteurs, au tournage en cours ou même aux délais de diffusion. Cela crée une complicité directe, inédite à l’époque, entre la fiction et son public.
Des épisodes tournés en noir et blanc, un hommage à Shakespeare écrit entièrement en vers, ou encore des séquences oniriques à la frontière du surréalisme : Clair de lune refuse le conformisme formel. Ce goût pour l’expérimentation, bien que parfois inégal, témoigne d’une ambition artistique que l’on ne peut qu’apprécier.
Cette inventivité formelle, bien qu’imparfaitement maîtrisée, est l’une des signatures les plus fortes de la série. Elle révèle un désir de dialogue entre créateurs et spectateurs, entre fiction et réalité, et donne à Clair de lune une identité propre dans le paysage télévisuel des années 80.
Clair de lune n’est pas seulement une histoire d’amour contrariée ou une série policière à l’humour affûté. C’est aussi un laboratoire narratif, une œuvre qui ose se moquer d’elle-même tout en expérimentant avec intelligence. Une série qui s’adresse autant à notre cœur qu’à notre curiosité de spectateur.