Rarement une série n’aura donné une telle impression de vide créatif. Avec Daddio (NBC, 2000), on assiste à ce qui ressemble davantage à un exercice de remplissage de grille télé qu’à une véritable proposition artistique. Ma note de 2/10 traduit ce sentiment de profond désintérêt et de frustration devant une série qui passe complètement à côté de son sujet.
L’idée de départ — suivre un père au foyer confronté aux défis du quotidien domestique — avait pourtant un vrai potentiel, notamment à une époque où ces questions de répartition des rôles méritaient d’être explorées sous un angle comique et pertinent. Or, Daddio n’en fait rien. Chaque épisode aligne des situations d’un conformisme désespérant, des gags convenus et des personnages figés dans des archétypes dépassés. La série semble même hésiter en permanence entre vouloir être une comédie familiale bien-pensante ou une satire sociale plus mordante — sans jamais assumer ni l’une ni l’autre.
Michael Chiklis, acteur pourtant capable de nuances (qu’on retrouvera brillamment quelques années plus tard dans The Shield), se débat ici avec un rôle sans épaisseur, où chaque réplique semble écrite par un générateur de blagues éculées. Les personnages secondaires n’existent que pour remplir le cadre : amis clichés, belle-mère caricaturale, enfants sans relief. Aucun ne parvient à insuffler de la vie ou de l’attachement à un récit qui tourne à vide.
Techniquement, la mise en scène est d’une platitude affligeante. Les rires enregistrés viennent souligner artificiellement des moments supposément drôles, accentuant encore plus le manque d’efficacité de l’humour. Même la direction artistique semble hésitante, sans identité visuelle forte, donnant à l’ensemble un aspect générique et interchangeable avec n’importe quelle sitcom de seconde zone.
Au final, Daddio donne l’impression d’un projet sans réelle vision, produit pour occuper un créneau plutôt que pour raconter une histoire ou faire rire sincèrement. Là où d’autres séries contemporaines parvenaient encore à surprendre ou à créer une connivence avec le public, Daddio s’enlise dans une répétition monotone et sans âme.
Un rendez-vous manqué qui illustre tristement comment un concept prometteur peut devenir, faute d’audace et de talent d’écriture, un objet télévisuel parfaitement oubliable.