J'hésitais à faire ma propre critique de la série mais finalement, je n'ai que quelques bricoles à ajouter à celle de Kevan:
- effectivement, la conquête de la Baie des Esclaves par Daenerys sombre dans l'ennui, et dans quelque chose de plus insidieux, hélas : à savoir que, une fois de plus dans un produit anglo-saxon, ce sont de bons gentils WASP bien blancs de peau qui sauvent des basanés et s'en font aduler; le XIXe siècle n'est pas très loin et Victoria la Reine est toujours vivante, en tout cas, elle cherche à s'incarner. L'erreur de la série est sans doute d'avoir systématiquement employé des autochtones nord-africains ou balkaniques pour jouer les figurants. Les livres, évidemment, évitaient cet écueil regrettable (encore qu'il soit peut-être préférable de ne pas demander à certains individus comment ils imaginent leurs esclaves...)
- après quelques hésitations nuancées dans les deux premières saisons, certains personnages ont fini par sombrer dans la caricature. Geoffrey était déjà insupportable (mais bon, on savait qu'il n'allait pas s'en sortir et c'était dans sa "nature") mais Ramsay Bolton / Iwan Rheon est vraiment imbuvable, tant par son jeu ricaneur que par ses répliques top-nazes issues tout droit d'un pseudo polar sur un serial killer quelconque. D'accord, on a tous nos tronches, mais la sienne ne me revient pas du tout. (Et évitons de parler de la prostituée roteuse, qui a dû faire rire quelques hooligans en fin de nuit biéreuse...)
- les raccourcis du scénario commencent à prendre des proportions épiques ; l'arrivée de l'armée mercenaire de Stannis droit sur le quartier général de Mance Rayder (au milieu d'une forêt inconnue peuplée de cent mille sauvageons, dont pas un seul ne montait la garde, apparemment) relève du miracle chrétien le plus puéril (désolé pour le pléonasme).
Tout cela est bien dommage et laisse mal présager de l'avenir de la série. Les branches du récit auraient tout intérêt à s'éloigner le plus possible de celles des livres, afin de conserver une indépendance salutaire et permettre aux vieux lecteurs tels que mézigue (ah, si j'avais gagné un euro à chaque fois que j'ai eu droit à un regard incrédule quand je disais lire la série depuis... 1996, et connaître les romans de GRRM depuis... 1983 [Armageddon Rag] ?!) de conserver une lueur de plaisir à la découverte de la suite. Les producteurs sauront-ils faire le bon choix entre : continuer le plus longtemps possible pour gagner un max de pognon ? ou : faire court en évitant de sombrer dans l'auto-caricature ? Voilà un pari que je me garderais bien de faire. Le co-producteur GRRM aura-t-il un poids suffisant dans la balance ? Suspense et boule de gomme... Trop d'enjeux tue le jeu.
En attendant, accrochons-nous à tout le reste (qui vaut quand même mieux que n'importe quel produit audio-visuel français) et parions (inconsidérément ?) que le tome 6 sortira cet été PAR SURPRISE ! Oui, comme ça, sans promotion ni avertissement. Pour voir à quelle vitesse le public réagit et pour prouver accessoirement que la pub ne sert qu'à vendre de la merde.
Si je perds, promis: j'écris une gentille critique.
Mmh... mais de quoi ?
PS: bin voilà, j'ai perdu mon pari. L'été est fini et le tome 6 n'est pas sorti, ni par surprise ni annoncé. Comme quoi, les bonnes idées ne naissent pas forcément dans les têtes de ceux qui sont censés les avoir.
Je vais donc devoir écrire une critique gentille. Vu que je suis en train de lire le dernier roman de Ned Beauman, Glow, et qu'il est fort bien parti, ça risque d'être pour lui.