J’aime les médecins, la médecine et les séries médicales. J’ai tardé à regarder la série Hippocrate, car j’avais moyennement apprécié le film éponyme de Thomas Lilti, heureusement sauvé par la présence de Vincent Lacoste et Reda Kateb.
Les critiques saluent le « réalisme » de cette série : délabrement des installations, sous-effectifs permanents, manque de de moyens, incompétence et « j’men foutisme » des jeunes internes. En effet, la réalité n’est pas enjolivée. Mais est-ce le seul but d’une œuvre d’art ? Ne s’agit-il pas aussi de dénoncer les problèmes qui pourraient être résolus, de montrer quelques motifs d’espoir et des améliorations possibles ?
Dès les premiers épisodes, deux de ces « apprentis médecins » se révèlent totalement défaillants. Allison, continuellement paniquée, ne cherche qu’à se planquer au maximum. Hugo, fils d’une ponte de l’hôpital est le pire de tous. Il ne pense qu’à s’amuser (bravo l’ambiance au « mess » des internes avec perpétuation des traditions machistes et rétrogrades des carabins fêtards !..) et commet une bourde qui reste totalement impunie et pourrait causer la mort de sa patiente : il remet son sac à la jeune fille qui a déjà fait six tentatives de suicide, en oubliant de refermer son placard à clé, ce qui permet à la malade d’ingérer des médicaments qu’elle avait emportés avec soi, ce qui - de toute façon - aurait dû être interdit. Plus tard, devant sa mère, il ment effrontément en prétendant que c’est la jeune fille elle-même qui a été chercher la clé du placard, ce qui est absolument incroyable, compte tenu de l’état de la malade et du fait que la clé se trouve accrochée dans un local interdit aux patients. Comment aurait-elle même su où se trouvait cette clé ? Suite à l’absorption massive de ces médicaments, le foie de la patiente est gravement endommagé. Hugo ne semble en ressentir aucun remords et sa mère, chef de service, n’y voit que du feu. C’est totalement scandaleux.
L’interne interprétée par Louise Bourgoin est, elle, un modèle de compétence et de conscience professionnelle. Hélas, son cœur récemment opéré, devrait la rendre complètement inapte à son travail.
Par ailleurs, les médecins retenus en quarantaine par un mystérieux virus, au lieu d’être en liaison permanente (téléphones, visioconférences) avec leurs services respectifs, passent leur temps à jouer à la belote. Au secours !!!
Pour avoir été souvent hospitalisée - en France et en Suisse - je proteste contre ce traitement cinématographique de la médecine et des médecins. C’est faux, injuste et dégradant.