Diffusé à partir de 1972 sur la WDR, la première chaîne allemande, ce feuilleton en cinq épisodes d’une heure et demie raconte la vie quotidienne d'une famille ouvrière de Cologne, entre l'usine, le bistrot et la table de cuisine. Combinant divertissement populaire et réflexion politique, Fassbinder décrit au travers de cinq couples les espoirs et les contradictions de son époque, avec en toile de fond la lutte d’une équipe d’outilleurs bien décidés à tout faire pour améliorer leurs conditions de travail. Près d’un demi-siècle plus tard, cette incursion de l’auteur du Mariage de Maria Braun dans le divertissement familial du dimanche soir n’a rien perdu de sa fraîcheur et de son originalité.
Magnifiquement interprété, Huit heures ne font pas un jour se distingue autant par la qualité de son écriture que par sa mise en scène inventive au service d’une histoire à la fois drôle et touchante, un plaidoyer optimiste et joyeux pour la solidarité ouvrière, seule capable de faire jaillir «l’étincelle d’utopie» que le cinéaste appelait de ses vœux. Un exemple de série télévisée à la fois profonde, drôle et foncièrement humaniste, que l'on aimerait bien retrouver de temps et en temps dans la banalité des productions actuelles.